dimanche 9 mars 2014

Arrêt sur visage par Guy Lafargue

C'est l'histoire d'une femme vouée à un sang imprévu qui avait su garder le
recul de la main devant l'anneau fœtal et qui vendait de la greffe psychique aux dépravés du regard. Elle était en instance de divorce d'avec le cortex conjugal. En hiver, elle vivait avec une vingtaine d’ouvriers à l'affût devant ses seins qui lui procuraient le chauffage central avec leur briquet. Elle qui rêvait de jouer son 
rôle sphérique pour l'enfant dont la bouche est habitée d'un unique cri d'amour, 
elle devait se contenter de le maintenir injecté et vivant en amont de ses 
cheveux. Cela constituait son principal argument de beauté. 
Elle lisait l'avenir dans des verres ébréchés  l'œdème vidait paisiblement 
ses eaux musculaires, dans des récipients transparents gorgés de lettres 
hautement alphabétiques, dans de vrais verres de correspondances amputés 
de leur liquide explicatif. Elle portait toujours ses attaques nuptiales à la partie 
noire des yeux, On trouvait toujours chez elle de vieux mômes 
incompétents en train de trafiquer des vulves de grand-mères avariées 
mordues par des ovules bizarres.
On y rencontrait quelques fois des gens d'armes qui conduisaient des luttes de myopes, enfoncés dans la flore microbienne de l'amour, inspectant avec 
précaution les traces de sperme dans les caniveaux pour remonter jusqu'à 
la source veuve. On croisait des cadres supérieurs et des psychiatres 
emboutis qui se dandinaient en tenant leur pénis recourbé dont le prépuce 
fatigué goulinait entre leurs doigts moisis.C'était une attitude 
ordinaire que l'on trouve fréquemment chez les élèves chroniques que ce désir 
palpable de maculer le mur des lamentations de leur chairs usagées.
Pour accélérer le rendement des ovaires, le juge lui avait dit : 
« Votre grief a l'air d'une déperdition
et il lui avait fait une offre publique d’achat de ces lettres dont la lecture révélait 
le désir évident de percevoir les intérêts du vice indexés sur le cours du diabète.
Avant de répondre, la jeune femme tînt absolument à extraire de ses 
veines ouvertes les embryons de ses cauchemars. 
Dans son existence sans fièvre. 
Et un peu trop nuptiale pour être honnête, jouer à la femelle devant le père 
aveugle était le moins qu'elle puisse exhiber au procureur d'oreilles. 
Toute erreur désirée pollue l'ensemble des sources. 
Quant au jeune homme gavé de neuroleptiques, pauvre mule castrée de 
ses seins, il restait accroupi sous les fesses nues de la jeune femme, 
le visage maculé des fines pulsions fœcales extraites à mains nues. 
Pour finir, il se dissout dans les décombres de ses écoulements organiques. 

Guy Lafargue
Extrait de : “
Sur un lit d’ovaires frais”

Psychologue clinicien diplômé de l'Institut des Sciences Humaines Appliquées de l'Université de Psychologie de Bordeaux (1967).
Docteur en Sciences de l'éducation, mention psycho-sociologie clinique.
Psycho-thérapeute certifié par la Fédération Française et Européenne de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P).
Créateur et Directeur des Ateliers de l'ART CRU, Centre de Formation à la conduite d'Ateliers d'Expression Créatrice Analytiques/Ateliers d'ART CRU.
Directeur du Musée de l'ART CRU.

Mis en ligne avec l'aimable autorisation de Guy Lafargue.