mardi 8 novembre 2016

Festival : « TOURSKY, les journées folles, entre folie artistique et artistique folie »…


Francis LALANNE, Philippe MOLLARET, Marie-Claude TALIANA et le Dr Alain ABRIEU

L’art comme terre fertile sur laquelle chacun peut se retrouver, avoir sa place où exprimer le tout et son contraire, le singulier et l’universel.
Créer un festival comme un trait d’union entre désir et réalité, entre imaginaire et symbolique, entre partage et rencontre.
Le projet s’est créé en se fixant comme objectifs le développement et la promotion de l’art et de la culture comme facteurs de liens sociaux et outils privilégiés de lutte contre l’exclusion.
Des personnes qui ont traversé des moments difficiles dans leur vie, des artistes vont se croiser.
La folie, la société, l’art, partagés comme expérience de tout Homme.
Du théâtre, des films, de la danse, des débats, de la musique, comme tissu vivant coloré de ces journées.
Ce festival permettant des ponts entre, le champ sanitaire et social, le champ de l’associatif, le monde du travail et le milieu culturel et artistique dans une démarche partenariale, initiant ainsi de nouveaux liens entre art et société.

AINSI : 
L’envie de créer ce festival a germé lors d’une diffusion d’un film réalisé au cattp, aux journées vidéo en santé mentale à Paris. Une porte s’est ouverte aux déploiements d’idées : un festival où les journées seraient préparées et organisées par le cattp., où l’occasion de confronter les expériences de vie des personnes venant d’horizons différents, de découvrir les dispositifs et les ressources mis en place dans notre région, de constituer un réseau « passerelle » pour un mieux être, en mettant en commun les stratégies et les solutions envisagées par chacun seraient possible.
Le choix du lieu ? Le théâtre Toursky pour tout ce que ce théâtre(et ceux qui le portent) peut représenter : pour son esprit d’aventures, d’ouverture, d’avant-garde…

Alors,
L’équipe soignante et les patients se sont rassemblés pour former une équipe organisatrice et même, l’équipe « Organiz’artitste ».
Préparation, logistique, élaboration du programme, rencontre avec les artistes, accueil du public, interviews ont été envisagés lors de réunions de préparation où un groupe s’est rapidement constitué partie prenante.

Un autre statut … Un autre regard … Un autre possible !

Les réunions de préparations, un terrain de la pensée, de l’échange, de la parole. « Un trésor des signifiants » (Lacan).
Un espace métaphorique …un lieu de surprises ! D'inattendus. Où « l’expressif » de chacun et « l’inter-expressif » colorent l’ambiance de ce que sera le festival.
Une mise en commun des énergies, des enthousiasmes : plusieurs artistes en 2015 ont été partenaires : Ahmad Compaoré (batteur, percussionniste), Marine Cheravola (danseuse) entre autres...
Des étudiants infirmiers sont venus et ont participé aux journées folles, se sont joint à l’équipe ! 
Des associations, le Collectif des « Arthérapotes », des psychanalystes et «psychan’artistes» nous ont soutenu.

Et l’équipe organiz’artiste a été présente à chaque étape de la création du festival. 
Il y eut la rencontre avec Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, qui s’est montré enthousiaste lors de la présentation du projet et s’est engagé à mettre à disposition les locaux.
Il y eut la demande de subvention, la présentation du projet lors de l’assemblée générale d’une association qui s’est allié à l’aventure. L’ouverture d’une boite mail.
Il y eut la mise en place d’un atelier « interview », avec jeux de rôles … 
Il y eut et il y a beaucoup de rires et de moments sérieux aussi !
Il est souvent nécessaire de faire un point de là où on en est des avancées du projet 2016 et les actions s’envisagent. Les personnes se déterminent pour telle ou telle action : relever les mails, écrire un courrier, téléphoner etc…
Chaque proposition est étudiée par l’ensemble des organiz’artistes avant d’être mis sur la programmation.
Ces moments collectifs sont souvent le lieu de débats de sujets divers, et l’imaginaire, la sublimation, s’y déploient pour se relier ensuite aux situations concrètes. Un va et vient possible dans un espace sécurisé, partagé.  
Des phrases sur la folie sur l’art : « la folie, un authentique caprice », « l’art, il faut le laisser dire »…
Le groupe permet la création d’un objet commun où chacun est partenaire de l’autre et est constitutif d’un ensemble. La création, comme langage singulier s’offrant, se dévoilant au pluriel.
Dans la théorie gestaltiste : ‘un tout est autre chose que la somme de ses éléments, et c’est la manière dont ses éléments s’agencent et se structurent entre eux et non leurs caractéristiques intrinsèques qui le caractérise. Dans cette perspective, le groupe a une réalité propre. Il forme un système d’interdépendance ». 
Il développe un sentiment d’appartenance. Un lieu de re-co-nnaissance.  Il redéfini des buts, des valeurs, des normes, des statuts. 
Un lieu où trouver ou retrouver sa consistance. Nasser qui, lors de démarches et de rencontres diverses me dira dans le trafic sur le chemin du retour : « avec tout ça, j’ai l’impression de retrouver une conscience ! ».
 Il invite à l’innovation, la critique, la confrontation. La satisfaction aussi de partager et d’offrir du merveilleux.
Il envisage des collaborations. Cette année, le collectif a souhaité que les photos créés sur le pavillon d’hospitalisation soient le « porte drapeau » du festival. Créer des liens hors institution et dans l’institution. Et, dans cette perspective, nous avons contacté Carmen (l’éducatrice qui s’occupe sur le pavillon d’hospitalisation de l’atelier socio), lui avons soumis le projet  et l’avons invité avec les photographes au cattp lors d’une réunion festival.
Nous sommes allés rencontrer les personnes sur le pavillon d’hospitalisation pour présenter le festival et envisager un « partenariat » … 
Reportage photos, confections et vente de gâteaux et d’objets, publicité etc …
Aller à la rencontre de l’autre et …
Découvrir un autre chemin, ce festival devenant un objet autonome dont s’emparent les uns et les autres pour y déployer leurs discours artistiques, pour créer des liens, pour susciter des débats…
écrire une autre histoire !

René Char disait : « la poésie s’écrit au rythme de l’homme qui marche ».

Marie-Claude Taliana / IDE, Artiste et Art-thérapeute.
CATTP Lou Blaï / CHU Edouard Toulouse