lundi 6 mars 2017

TRILOGIE de L'ERRANCE : 2ème épisode

 Là-bas, si j’y suis…

ORAN

Ces mots résonnent toujours en moi !
Là-bas, c’est le nom du pays dont on ne prononce pas le nom.
132 ans de colonisation française ont réduit à néant tout sentiment humain d’altruisme, de compassion, de fraternité. La haine a fait son lit dans ce qu’il y a de plus abject dans l’homme, la terreur, la guerre, la torture, le viol.
« Va voir là-bas, si j’y suis ! », me disait mon père lorsque j’étais enfant et que je devenais par trop turbulent.
Là-bas, je ne t’ai jamais oublié !

L’année dernière, en 2015, spectateur devant mon poste de télévision, j’assiste à cette déferlante de réfugiés qui submerge l’Europe. Principalement, des réfugiés Syriens qui fuient la guerre. Et, je prends conscience soudain que je suis moi aussi un réfugié de la guerre d’Algérie. J’ai été un enfant dans la guerre, mais je l’avais occulté de ma mémoire !
Une guerre longtemps déniée par la France et les Français. On l’a d’abord qualifiée d’événements, et le gouvernement de l’époque parlait d’actions de maintien de l’ordre.

Là-bas, si j’y suis…
C’est l’accueil que nous ont réservé une partie des Français de métropole avec en tête le Parti Communiste Français et le syndicat CGT.

"Il y a 150 000 habitants de trop à Marseille", nous dit Gaston Defferre en parlant des pieds-noirs français !

C’est l’accueil de Gaston Defferre, alors Maire de Marseille en 1962 qui déclare dans la presse : « Nous avons 150000 habitants de trop ! Que les pieds noirs aillent se réadapter ailleurs ».

"Les pieds-noirs à la mer !" scande les cégétistes de Marseille.

C’est l’accueil des dockers CGT pendant l’été 1962 qui brandissent des banderoles ou on peut lire : « Les pieds noirs à la mer ».

La valise ou le cercueil !

De l’autre côté de la Méditerranée, en lettres sombres, le slogan « la valise ou le cercueil » s’étale sur les murs d’Alger, d’Oran, de Constantine.
Étrangers de partout, d’ici et d’ailleurs…
Nous sommes devenus les boucs émissaires d’un état et d’un peuple qui n’ont pas eu le courage d’assumer toute la barbarie qu’ils ont semé en Algérie française.

Que de chemin parcouru de 1962 à aujourd’hui !
Aujourd’hui, les expats de Côte d’Ivoire sont accueillis sur le tarmac du Bourget par le Premier Ministre ou le Président de République !
Aujourd’hui, face aux attentats en France, on sort l’artillerie lourde, cellules psychologiques, RAID, GIPN, GIGN, BRI, couvertures médiatiques maximums, commémorations des attentats, orchestrations télévisuelles…
Ne vous méprenez pas, je suis pour le devoir de mémoire.
Mais ce que nous avons subi en 1962, seuls et désemparés dans cette tourmente dont les enjeux politiques nous dépassaient, sans soutien psychologique, sans accueil, sans bientraitance, est en dessous de tout ce QUE VOUS POUVEZ IMAGINER.

Pierrelatte dans la Drôme

En septembre 1962, nous arrivons à Pierrelatte, petit village de la Drôme.
Nous, c’est mes parents, ma petite sœur et moi, le reste de la famille c’est éparpillé aux quatre coins de la France, on ne se reverra plus…
J’ai perdu ma famille et mon pays.
Mon instituteur me battait avec une grande règle jaune de 1 mètre que l’on trouvait dans toutes les classes, parce que je ne savais pas répondre à ses questions

Béziers dans l'Hérault

En septembre 1965, nous arrivons à Béziers, capitale mondiale du vin et du rugby. Mais, au cours de mon adolescence, la question de l’identité se fait prégnante. Je ne suis pas de Béziers, qui suis-je ?
Au lycée, je suis comme un étranger, je m’adapte, mais pas tant que ça, je deviens un mauvais élève, je réalise aussi aujourd’hui que j’étais dépressif.
A l’époque, dans les années 70 à 75, il n’y avait pas de psychologue pour aider les adolescents en détresse, alors on m’a fait redoubler la première et la terminale. Le mal-être devient plus intense, je suis perdu dans le monde des adultes et dans le monde du travail.
Ma réaction est celle du rejet, je conteste tout, je suis contestataire.
Et puis, à 25 ans, je m’intéresse aux soins infirmiers.
Je serai infirmier. Parallèlement aux études d’infirmier, j’entreprends un travail artistique de création avec la photographie et la peinture.

Au travers des écrits de S.Freud, M.Klein ou D.W.Winnicott, se fait jour la théorie que le désir de réparation  est le fondement de la créativité. Les actions de réparations dissipent les angoisses de la position dépressive.
Il est dit que celles-ci pourraient être à la base de la vocation professionnelle artistique et surtout soignante.
C’est l’angoisse dépressive qui amène le processus de sublimation, de symbolisation et de créativité, permettant au sujet une réparation. La notion de réparation chez Mélanie Klein se rapproche de ce que S.Freud nomme sublimation.
La perte et la destruction sont des sources de créativité car ces notions suscitent le désir de réparation, de reconstruction, de re-création.
Dans la phase dépressive l’objet fait partie intégrante du Moi et la réparation de l’objet revient donc à une réparation du Moi.

Autant Freud situait le symptôme comme étant bien plus une tentative de guérison qu'une maladie au sens médical du terme, autant Jacques Lacan a considéré le symptôme comme ce qui permet à un sujet de s'inscrire dans un lien.
Jacques Lacan a appelé « sinthome », ou « synt-homme » en un jeu de mots se référant d'une part à la plus ancienne graphie attestée en français du mot "symptôme" (1495 chez B. DE GORDON, Pratiq., II, sign. H 3d ds GDF. Compl.), et d'autre part au rôle qu'aurait tenu l'admiration que James Joyce pouvait avoir envers Saint Thomas d'Aquin, le « saint homme »/ « Saint Thom ».
Je relis le sinthome lacanien  avec le concept de créativité de D.W.Winnicott,
parce qu’il  présente le double avantage de la suppléance et de l’envie d’exister, d’être vivant et de survivre.

Devenu artiste et infirmier, je rencontre comme un fait exprès : l’art-thérapie !

 La nébuleuse de l'art-thérapie française !

Anne Brun dans le « Manuel des médiations thérapeutiques » (Ed. Dunod), conjointement écrit avec Bernard Chouvier et René Roussillon, pose le problème de l’art-thérapie en ces termes.

(p.94, chapitre 4) « Dans le contexte actuel d’une prolifération des thérapies à médiation artistique, référées à des champs théoriques très hétérogènes, souvent désignées par l’appellation floue d’art-thérapie, qui ne renvoie à aucune conceptualisation d’ensemble mais à des fragments de théorisation en archipel, il s’impose de dégager les conditions requises pour la mise en place d’un cadre qui relève réellement de la psychothérapie psychanalytique. »

(p.99, chapitre 4) « Notre expérience de supervision en pratiques institutionnelles nous a confrontés à une grande palette de modalités de fonctionnement des groupes à médiation, riches, cohérentes et inventives. Toutefois, certains positionnements extrêmes dans le rôle attribué à l’objet médiateur au sein de l’atelier à médiation ne permettent pas d’assurer suffisamment de liaisons interactives et souples entre les différents processus en jeu. Le clinicien est voué à naviguer entre Charybde et Scylla, entre un premier écueil constant à négliger les qualités sensorielles du médiateur en le transformant en simple prétexte à la rencontre thérapeutique, le second, à l’opposé, revenant  à surinvestir le registre sensori-moteur au détriment du registre verbal. Dans le premier cas, le clinicien semble considérer le médium comme un simple prétexte à la rencontre thérapeutique, au déploiement  d’un lien transférentiel et d’une dynamique verbale associative, sans prendre en considération les caractéristiques sensori-motrices propres au médium. Les cliniciens dans cette perspective ont alors tendance à privilégier les chaînes associatives groupales verbales, comme si la verbalisation était la seule source de symbolisation. La médiation est ainsi considérée comme une sorte d’échafaudage préalable, dont on peut se passer dès qu’une dynamique groupale et verbale se dessine. Il s’avère fort dommageable de faire l’impasse sur le travail de symbolisation à partir du registre sensorimoteur. On scotomise de ce fait un des deux termes du fameux paradoxe winnicottien du trouvé-créé, à savoir la dimension du « trouvé ». Inversement, les cliniciens doivent rester attentifs à ne pas négliger l’ensemble de la verbalisation, qui a accompagné l’utilisation de la médiation, s’ils se centrent essentiellement sur le registre sensori-moteur, au détriment du pôle verbal : la prise en compte de l’associativité de chaque patient au cours du processus de médiation, comme des associations verbales groupales, conditionne en effet l’interprétation des processus en jeu. Il s’agit aussi pour les cliniciens de ne pas revenir à des pratiques d’ergothérapie, qui ont marqué l’histoire institutionnelle des hôpitaux psychiatriques. »

J’ai donc choisi de forger mon propre outil art-thérapeutique et, puisque je travaillais en psychiatrie adulte au Centre Hospitalier de Béziers, j’ai mis en place une méthodologie que j’ai nommé « Triptyque d’Art-Thérapie adapté à la psychiatrie, pour une prise en charge des psychoses en Art-Thérapie Institutionnelle ».

Pour cela, je devais composer avec 3 contraintes :
La première contrainte est amenée par l’institution hospitalière, son cadre, sa réglementation et sa hiérarchie.
La deuxième contrainte est amenée par la prescription du médecin. 
La troisième contrainte est dans le type de population traitée en psychiatrie publique, c’est-à-dire outre la prise en charge de la maladie mentale, prendre en compte les dérives sociétales que l’on appelle pudiquement la précarité.

Le Triptyque d’Art-Thérapie  participe au soin, à la réadaptation et à la réinsertion sociale, principalement dans les psychoses mais aussi pour toute autre pathologie, c’est-à-dire les névroses, les addictions, les troubles du comportement de la personne âgée (les démences, Alzheimer, Korsakoff), la victimologie (agressions sexuelles, viols, incestes).

Méthodologie du « Triptyque d’art-thérapie adapté à la psychiatrie » :


Volet 1 : travail autour de l’identité
La question de l’identité évoquée par Jacques Lacan dans ce qu’il appelle la « forclusion du nom du père », m’a fait m’interroger sur ce que nous adresse le discours du psychotique.


Volet 2 : adaptation à sa réalité et réadaptation à la réalité
Adaptation pour le sujet jeune et sa famille à l’énoncé de la maladie, qui passe par le déni et la recherche d’une autre cause que la folie. 
Réadaptation, c’est à partir de l’acceptation que l’on va pouvoir travailler sur la réadaptation et que le patient devient partie prenante de sa thérapie.

Adaptation à sa réalité et réadaptation à la réalité, ce sont les bases théoriques que Freud énonce dans le principe de réalité et la confrontation qui en résulte entre le principe de plaisir et le principe de réalité.

C’est aussi pour Winnicott, l’adaptation au monde extérieur avec l’effet pervers du développement d’un faux-self adapté à la réalité mais qui laissera un sentiment d’inutilité. Le self permet d’atteindre  une confiance en soi et en l’environnement, ce qui  permet à l’individu d’être soi-même et d’avoir le sentiment d’exister.

Le développement du concept de la mère suffisamment bonne (good enough presenting. Ce qui me permet une transition rapide avec « Le complexe de la mère morte » d’André Green, qui nous éclaire sur la personnalité adaptative et sur la transmission de la dépression de la mère à l’enfant.


Volet 3 : communication, socialisation et resocialisation
Communication, socialisation et resocialisation, c’est ici la question de l’être au monde du psychotique qui est abordée, avec comme corollaire de pouvoir exister.

Pour Winnicott, l’objet transitionnel sera délaissé progressivement par l’enfant et se répandra dans le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur : le territoire de la culture et de la communication, incluant le jeu, le langage et l’art. La créativité influence la qualité des relations que le sujet aura avec la réalité mais aussi sa volonté à rester en vie !

Cette méthode du « triptyque d’art-thérapie adapté à la psychiatrie », je vais la mettre en œuvre dans un réseau de 11 ateliers :
1. Atelier Création (peinture)
2. Atelier Collage et Créativité
3. Atelier modelage (terre)
4.  Atelier Arts plastiques 
5. Atelier Expositions
6. Atelier Mandala ou dessin centré
7. Atelier Musiques du Monde
8. Atelier Café des Arts
9. Atelier Culture en marche
10. Sorties thérapeutiques et culturelles
11. Atelier  de « Relation d’aide et de Relaxation » (médiation corporelle)

La thérapie nécessite la mise place de deux cadres :
Le cadre extérieur  est sous tendu par la règle et les rituels d’atelier.
Le cadre intérieur, c’est celui du thérapeute (art-thérapeute) qui est sous tendu par ses références théoriques et sa déontologie intégrées dans sa pratique.

Vous l’aurez compris aisément mon art-thérapie s’étend aux médiations thérapeutiques, artistiques et culturelles.
Je vais maintenant faire le point sur le glissement sémantique qui pose problème aux art-thérapeutes en clarifiant mon positionnement sur les concepts : de création, de créativité d’art et d’esthétique…

Le glissement sémantique entre création, créativité, art et esthétique :

La création, c’est revenir à l’origine, l’origine du monde, revenir à l’origine du sujet. C’est l’action de donner l’existence, de tirer du néant.
Dans procréation, il y a création, revenir par le travail de création à l’origine, c’est permettre au sujet de renaître, c’est une renaissance.
Je me place du côté de la clinique et de la psychanalyse pour écouter et entendre ce que le sujet a à me dire de sa "création".
Les processus de création permettent  au sujet de rester vivant, de survivre.
Mais, ce n’est pas sans risques, car le sujet ne parvient pas toujours à réparer ses objets d’amour pour rester en vie.
Mélanie Klein dit ceci : « La création serait une re-création de l’objet perdu et l’œuvre d’art  serait pour l’artiste le moyen le plus satisfaisant et complet  pour soulager son remord et son désespoir […] pour reconstruire ses objets détruits. »

Dans la psychose, il y a deux voix d’expression de la folie :
-le délire, qui est une tentative d’adaptation et de réadaptation au réel. C’est aussi une création.
-et la création artistique qui est une recherche de l’identité sans cesse renouvelée car le nom du père est forclos !
La création tient lieu de suppléance à la place du signifiant forclos.
Suppléance imaginaire : s’identifier.
Suppléance symbolique : avec le cadre, les règles, les contraintes propres à la création.
Suppléance réelle : l’artiste est fils de son œuvre.
Ce que nous en dit Henri Maldiney : du vide à la création, faire œuvre, c’est dans la même mesure, se faire être (pour exister).
Or, faire œuvre c’est ex-ister, à travers l’œuvre, en avant de soi.

La forclusion du nom du père, nous ramène à la symbiose avec la mère. Le travail de création vient suppléer le manque et l’absence du père. 
C’est le tiers esthétique qui peut permettre un étayage pour  le psychotique. C’est un travail de « réparation » et de survie, de résistance à la maladie mentale, à la folie.

La créativité :
L’enfant ne fera pas le deuil de l’objet transitionnel mais étendra son intérêt pour le transitionnel à tous les domaines de la culture.
Pour D.W. Winnicott, l’objet transitionnel sera délaissé progressivement par l’enfant et se répandra dans le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur : le territoire de la culture et de la communication, incluant le jeu, le langage et l’art.
« Il s’agit avant tout d’un mode créatif de perception qui donne à l’individu le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue ».
La créativité n’est pas forcément en lien avec l’art !  Le tricot, le bricolage, la cuisine, le jardinage, la randonnée ou la pétanque sont liées à la créativité !
La culture est aussi un objet transitionnel qui permet de donner un sens à sa vie. La culture permet au sujet une intégration dans la société, une réappropriation du monde. 

L’art ne soigne pas !
L’art est un formidable médiateur d’expression et de révélation de soi.
(p.100, chapitre 4) « Il ne suffit pas en effet d’utiliser la terre, la peinture, la danse, la musique pour enclencher un véritable processus thérapeutique de médiation. L’objet médiateur ne présente en effet aucune portée thérapeutique en lui-même, indépendamment du cadre et du dispositif : c’est la projection de la topique interne du sujet sur le dispositif/cadre, qui en conditionne la portée thérapeutique. René Kaës (2002) insiste sur le fait que « l’objet n’est médiateur que dans un processus de médiation ».
Et j’enfonce encore un peu plus le clou en rajoutant que c’est la relation transféro-contre-transférentielle qui met en jeu le soin psychique !

L’esthétique vient de l’esthésie, son contraire c’est  l’anesthésie, la privation de la sensibilité.
L’esthétique au contraire, c’est le plein emploi de la sensibilité, de la sensorialité et de la sensualité. 
C’est ce qui va transparaître dans l’œuvre et venir nous toucher.
   
Pour conclure mon récit autobiographique sur la réparation du traumatisme et son impact chez l’enfant et sa famille, je sais que c’est un très long travail, celui de toute une vie.
Je pense à ses milliers d’enfants qui sont sur les routes et à leurs difficultés à venir. Accueillons les réfugiés sans aucune discrimination !

Les traumatismes laissés par les guerres, les camps d’internement, de concentration, de rétention et aujourd’hui les centres d’accueil et d’orientation nécessitent un très long travail de psychothérapie, de réparation, de résilience et de re-construction psychique.

Etranger dans mon propre pays, ma vie est un combat, j’y suis, j’y reste !

INFORMATIONS :
"L'art-thérapie fait son cinéma !"
         11e Rencontres de l’ARAT le 8 avril 2017 à Béziers
http://blogarat.blogspot.com/2017/02/lart-therapie-fait-son-cinema.html

Art-thérapeutes, Debout ! Signez la pétition sur Change.org :
https://www.change.org/p/ministre-de-la-sant%C3%A9-art-th%C3%A9rapeutes-debout?recruiter=353995044&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_facebook_responsive&utm_term=des-lg-signature_receipt-no_msg&recuruit_context=fb_share_mention_variant&fb_ref=Default

Jean-Louis AGUILAR / Art-thérapeute

Notes bibliographiques :
Blogarat : 
http://blogartblogueur.blogspot.fr/2016/02/la-bas-si-jy-suis.html

Manuel des médiations thérapeutiques
Anne Brun, Bernard Chouvier, René roussillon, Ed. Dunod

Le sinthome
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sinthome
L’étranger,  Albert Camus Ed.Folio