dimanche 23 avril 2017

Des ateliers de cuisine-thérapie pour mieux se connaître.3.


“Je suis bonne pâte”
Ça veut dire : être accommodant, docile, serviable, gentil. Trop ? Cette expression qui évoque un caractère malléable – comme la pâte à tarte – est pour certains synonyme d’attitude influençable et soumise.

En cuisine : suivez-vous les recettes à la lettre ? Optez-vous toujours pour les mêmes plats par crainte de mal faire ou pour vous assurer de ne pas décevoir vos convives ?

L’expérience de Caroline, 47 ans : « J’ai hésité avec “être bonne poire” mais je trouvais cette expression péjorative. L’image de la pâte à pain blanche m’a attirée. Je l’ai choisie car elle correspond à ma personnalité, avant de faire le lien avec mon ancien métier : pâtissière ! J’ai tendance à dire oui, à me fondre dans la masse, à rendre service. Mon mari me dit que j’en fais trop pour les autres. En atelier, j’ai réalisé un crumble aux pommes en mettant la pâte à l’intérieur de la pomme évidée. Et j’ai rajouté du poivre pour faire plaisir à une participante qui adore ce condiment. J’aime cuisiner pour les gens. C’est le bonheur de malaxer la pâte qui m’a guidée. Je trouve ça déstressant et thérapeutique. Je me demandais si ce tempérament “bonne pâte” était une bonne chose ou pas. J’étais sur le point d’arrêter de me laisser faire. Mais cet exercice m’a permis de me mettre en accord avec moi-même. Ce trait de caractère est un atout : c’est ce que les autres apprécient chez moi. Maintenant, je voudrais comprendre pourquoi je le suis en société et pas du tout en famille. Moi aussi parfois j’aimerais qu’on me fasse à manger. C’est une problématique qui reste à creuser. »

“J’en ai gros sur la patate”
Ça veut dire : être malheureux ou déçu, ressentir du dépit ou de la rancune. Cela s’exprime soit par de la tristesse ou de l’abattement, soit par de la colère ou une hyperactivité.

En cuisine : cette hypersensibilité vous fragilise-t-elle au point de manquer d’idées de recettes ou, au contraire, d’imposer votre plat fétiche ?

L’expérience de Céline, 40 ans : « Cette expression était très parlante pour moi fin 2015. J’avais vécu une période cauchemardesque, avec le deuil d’une amie, une déprime post-partum, une relation conflictuelle avec mon père, et l’entrée dans la quarantaine. Alors que j’ai un tempérament enthousiaste, je sentais un énorme poids me tomber dessus, et je me suis dit qu’il fallait que je “crache” cette phrase que je n’aime pas. Je la visualisais telle une patate difforme au visage renfrogné, avec la tête enfoncée dans les épaules et perdue dans un brouillard vaporeux. J’ai écrasé grossièrement des pommes de terre et des morceaux de carotte, les ai rassemblés en montagne… et je leur ai tapé dessus ! Il faut dire qu’en début d’atelier l’atmosphère quasi méditative m’a permis de lâcher des litres de larmes. J’étais tremblotante et triste, moi qui préfère garder les pouces en l’air pour indiquer que tout va bien. Le message a pris sens lors du débriefing. J’ai senti qu’il fallait que j’arrête de croire que ça allait passer. Exprimer que j’en avais gros sur la patate était un soulagement. Ça m’a incitée à consulter mon psychiatre et à accepter de prendre un traitement chimique. Jusque-là, je voulais donner la priorité au projet d’avoir un quatrième enfant. J’ai réalisé que ça devait passer au second rang car ma famille allait en pâtir. J’ai remis les choses en ordre. »

“Je suis au four et au moulin”
Ça veut dire : se plaindre de ne pas pouvoir s’adonner à plusieurs occupations en même temps. Cette sensation d’être tiraillé donne l’impression d’être débordé ou incapable de faire comme il faut. Elle paralyse ou disperse l’énergie.

En cuisine : acceptez-vous de ne pas agir pendant que vos oignons rissolent dans la poêle ? Mettez-vous tous les plats à cuire en même temps ? Supportez-vous la frustration et les petits ratés (le trop cuit, trop mou…) ?

L’expérience d’Annabelle, 37 ans : « C’était ce que je vivais cette semaine-là. J’essayais de travailler à la maison et mon fils me le reprochait. Passionnée par mon métier, je cours sans arrêt pour remplir mes objectifs professionnels et je veux assurer en tant que maman. Je me sens écartelée, c’est fatigant. À force de vouloir tout faire, on n’est jamais totalement présent à ce qu’on fait. Alors j’ai décidé de confectionner une salade de courgettes avec une recette salée pour symboliser le travail (en ajoutant endives, tomates et fromage) et sucrée pour la maison (avec des pommes, du miel et des noisettes). Et je ne les ai pas mélangées. J’ai compris que le secret était de compartimenter ces deux sphères. J’ai choisi cette expression à l’instinct et elle m’a obligée à me recentrer sur moi. Non seulement l’atelier m’a permis d’être plus créative en cuisine, mais il a aussi eu un impact sur mon organisation. Aujourd’hui, je sors plus tôt du travail pour me consacrer à mon fils les jours où j’en ai la garde. »

Sources :
http://www.psychologies.com/Therapies/Developpement-personnel/Methodes/Articles-et-Dossiers/Des-ateliers-de-cuisine-therapie-pour-mieux-se-connaitre/7-Je-suis-bonne-pate