jeudi 29 décembre 2016

Prise en charge de l’autisme en France

Prise en charge de l’autisme : oui au libre choix de la méthode de soin, non à l’interdiction de la psychanalyse
L’autisme à l’Assemblée nationale
Un article de Pierre-Gilles Guéguen paru dans « Lacan Quotidien » 617 (20/12/2016)
Mardi 27 décembre 2016, par MB // Lire, Ecouter, Voir
Dans Lacan Quotidien 617

Le 8 décembre à Paris avait lieu une séance publique de l’Assemblée nationale concernant la prise en charge de l’autisme. Elle faisait suite à la déposition d’une proposition de résolution par le député Daniel Fasquelle, appartenant à la formation LR (Les républicains, formation parlementaire de droite), connu comme militant pour le traitement comportementaliste des troubles du spectre autistique. En France une résolution n’est pas une proposition de loi, mais si elle est votée par l’Assemblée, elle vaut comme un avis de ladite Assemblée et peut donc par la suite donner éventuellement lieu à une proposition de loi1.

Or il se trouve que cette résolution, proposée au vote ne demandait pas moins au Gouvernement français que « de condamner et d’interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes » pour la prise en charge de l’autisme au motif qu’elles ne sont « pas recommandées par la HAS ». Douze députés ont pris part à la discussion générale dans un hémicycle clairsemé en présence de Madame Ségolène Neuville, médecin et secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, dans le gouvernement actuel. La résolution n’a pas été adoptée. Ce qui est heureux pour la psychanalyse sans cesse harcelée par des partisans de la prise en charge de l’autisme selon des méthodes importées d’outre-atlantique et dont les « résultats » pourtant ardemment vantés, ne sont pas plus probants que ceux d’une autre méthode – mais là n’est pas notre propos car nos point de vues sont régulièrement rapportés dans Lacan Quotidien2.
Il se trouve que cinq des douze députés, qui ont participé à ce « débat général » sous forme d’une contribution lue à la tribune et qui ont emporté le vote contre la proposition de résolution, ont soutenu des positions fortes et argumentées qui méritent d’être portées à la connaissance de l’opinion éclairée à qui s’adresse Lacan Quotidien.

Le député François Asensi (gauche démocrate et républicaine), interpellant M. Fasquelle qui avait d’abord lu devant ses collègues présents un texte à l’appui de sa résolution demandant aux professionnels « d’accepter de se remettre en cause, d’abandonner les traitements inefficaces et même dangereux et maltraitants, pour s’ouvrir aux méthodes dont [il a] pu mesurer personnellement l’efficacité », est allé droit au but :
« Sous couvert d’apporter une vérité scientifique, a-t-il déclaré, ce texte a pour principal objectif d’interdire à terme l’approche psychanalytique dans le suivi des enfants atteints d’autisme au profit des théories comportementales. Les députés du front de gauche y sont fermement opposés ».
Et il poursuivait :
« La proposition de résolution qui nous est soumise est selon moi dangereuse ; ce texte procède clairement à un détournement des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) […] tout d’abord en voulant transformer de simples recommandations en injonctions d’une force juridique contraignante, ensuite en affirmant que les méthodes recommandées sont validées scientifiquement alors qu’il n’existe aujourd’hui aucun consensus entre les experts médicaux, enfin en prétendant que la psychanalyse se trouverait sur la liste des méthodes non recommandées. Il s’agit là d’une contre vérité puisque la HAS a toujours pris soin de classer la psychanalyse parmi les méthodes non consensuelles et non parmi les méthodes non recommandées. »
« Cette résolution s’inscrit dans la controverse liée à la psychanalyse alors que ses apports ne sont plus à démontrer. »
« Comment prétendre imposer une vérité scientifque alors que les experts médicaux sont eux-mêmes divisés […]. Il n’appartient pas aux pouvoirs publics de juger de la pertinence des choix cliniques. Cette proposition de résolution remet ainsi en cause la liberté de prescription des médecins. »

Sur ce point au moins il était suivi par le député Gilles Lurton du groupe LR qui affirmait également :
« Il n’est pas question de remettre en cause la liberté des médecins ou de la pédopsychiatrie et de la psychanalyse. Je crois que le pédopsychiatre et le psychanalyste sont appelés à l’avant-poste de la prévention pour trouver des solutions aux difficultés auxquelles certains de nos concitoyens ont affaire ».
Quant au député socialiste, écologiste et républicain Gérard Sebaoun, il entamait une critique de fond :
« La lecture de votre proposition m’a fait l’effet d’une posture monolithique […]. La charte des médecins libéraux leur impose la liberté de prescription, votre résolution n’en a cure. Si je ne vous imagine pas en partisan d’une science offcielle dont on a connu en d’autres temps les ravages dans des régimes totalitaires, j’avoue que je ne comprends pas l’essence de cette résolution ».
« Vous exhibez des chiffres très contestables : 44% des personnes autistes seraient victimes de maltraitance, de mauvais traitements ou de carence en matière de soins, cette affirmation repose sur une enquête, effectuée par mail et portant sur 538 familles répondeuses elle n’a rien de scientifique sur le plan méthodologique, la question induisant tout ou partie de la réponse. Pire : malgré ce biais vous n’hésitez pas dans votre exposé des motifs à extrapoler en affirmant que 250 000 personnes en France seraient victimes de maltraitance. Je vous le dis sans précautions oratoires : j’y vois une manipulation dangereuse…. ».

Et il concluait par les propos suivants :
« Vous finissez en amalgamant psychanalyse et maltraitance et vous n’hésitez pas à appeler la condamnation pénale des professionnels mal pensants ou dans votre esprit, déviants […]. J’appelle tous mes collègues à la rejeter. »
Denys Robiliard, lui aussi du groupe socialiste, écologiste et républicain, se montrait encore plus précis dans sa critique :
« Votre proposition M. Fasquelle pose le problème de la déontologie du législateur »
« Le respect dû aux personnes autistes suppose d’abord l’exactitude or il n’y a pas d’exactitude dans ce que vous rapportez dans les considérant de votre proposition de résolution, d’abord sur les chiffres : entre le 1 pour cent (du pourcentage de la population souffrant d’autisme) que vous indiquez et le deux pour mille que l’on trouve en 2010 annoncé par la HAS, il y a quand même une très grande différence qui mériterait d’être expliquée. Il n’y a pas non plus d’exactitude s’agissant de l’efficacité des méthodes ABA pour reprendre la plus connue et la plus répandue. Non pas que je conteste dans son principe cette méthode, du moins à ce stade, simplement on ne peut pas lui faire la publicité que vous lui faites. Je pense à l’étude Shea qui date de 2004, et que vous connaissez, à l’étude Cruweiler qui date de 2012 et que vous connaissez et à l’étude spécifique sur les 28 centres expérimentaux, mis en place en 2010, qui malheureusement ne donnent pas les résultats que vous dites… Il s’agit de l’étude Cekoïa qui a été exécutée à la demande de la CNSA3 en 2015 et qui mériterait d’être citée4. »
« Vous écrivez dans votre projet de résolution que la France aurait été condamnée en 2015 par la Cour européenne, je vous avoue n’avoir trouvé aucun arrêt qui ait condamné la France en raison de pratiques en matière d’autisme ».
Le député reprend alors les critiques déjà formulées par ses collègues selon lesquelles le texte de D. Fasquelle détourne le sens même des recommandations de la HAS. Puis il en vient à l‘allégation de scientificité que celui-ci attribue aux méthodes comportementales :
« La méthode ABA et la méthode Denver – qui est d’ailleurs d’inspiration psychanalytique – ne bénéficient que du niveau B en matière de scientifcité ce qui n’est qu’une présomption de scientificité, alors que le grade A n’a été attribué à aucune méthode. »
Enfin il conclut en précisant ce que le député Gérard Sebaoun avait évoqué avant lui : « Votre méthode qui aboutirait à faire de la HAS l’autorité prescriptrice, qui obligerait les médecins à suivre vos recommandations en toute matière y compris quand ce sont des non-recommandations, c’est-à-dire quand elle ne se prononce pas – c’est le cas pour la psychanalyse « faute de preuve », dit-elle, et on pourrait discuter des raisons pour lesquelles il n’y a pas de preuve. Eh bien ! Votre proposition, c’est la définition d’une science officielle, c’est, me semble-t-il, du lyssenkisme et je crois que la pire des choses que nous puissions faire pour les personnes autistes serait de suivre les préconisations d’un Lyssenko5 au petit pied. »

Chantal Guittet, députée du groupe socialiste écologiste intervenait la dernière dans le débat en affirmant : « L’orientation de votre proposition, et celle de vos collègues est en totale contradiction avec les principes fondamentaux de notre législation sanitaire. Le libre choix constitue un des principes actuels de la pratique médicale. Si je comprends bien votre résolution vous souhaitez revenir sur cela : curieux pour des députés qui sont les chantres du libéralisme de proposer une résolution liberticide ! »
« Vous prétendez que la psychanalyse fait partie des méthodes non recommandées (par la HAS) alors que la Haute autorité a bien pris soin de la classer dans les méthodes non consensuelles.
Les efforts pour figer le savoir ne font jamais bon ménage avec le progrès. »
Grâce à ces interventions de parlementaires déterminés la résolution Fasquelle n’a pas été adoptée, c’est une victoire pour la psychanalyse. Une victoire momentanée sans doute car d’autres batailles sont à prévoir, mais qui donnera satisfaction aux 20 000 personnes qui ont signé la pétition « La Cause de l’autisme » lancée par l’École de la Cause freudienne et l’Institut psychanalytique de l’enfant. C’est aussi une satisfaction de constater que les députés ci-dessus évoqués, qui ont représenté leurs groupes dans ce débat parlementaire, aient su indiquer la place de la psychanalyse et distinguer aussi clairement scientisme et science véritable. Nos représentants et le monde politique si souvent critiqués aujourd’hui, en sortent grandis.

Pierre-Gilles Guéguen

Notes :
1 Consulter la fiche de synthèse n°46 sur le site de l’Assemblée Nationale : Sur la définition constitutionnelle des résolutions consulter la fiche de synthèse n°46 sur le site de l’Assemblée Nationale :
2 Consulter notamment Lacan Quotidien 568 et Lacan Quotidien 569 : « L’expérimentation institutionnelle d’ABA en France : une sévère désillusion » par J.-C. Maleval et M. Grollier
3 CNSA : Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (des personnes dépendantes).
4 Cf. Rapport cité et commenté par J.-C. Maleval et M. Grollier, « L’expérimentation institutionnelle d’ABA en France : une sévère désillusion », LQ 568 et LQ 569, 29 février & 5 mars 2016.

5 Lyssenko, un agronome russe, est à l’origine d’une théorie pseudo-scientifque « la génétique mitchourinienne », qui accède en 1948 sous le régime de Staline au rang de théorie officielle exclusive, opposée à une « science bourgeoise » fausse par essence. Depuis, le terme de lyssenkisme désigne par extension une science corrompue par l’idéologie où les faits sont dissimulés ou erronément interprétés. (Wikipédia)

On peut aussi lire :
- La pétition Prise en charge de l’autisme : oui au libre choix de la méthode de soin, non à l’interdiction de la psychanalyse,
- Pratiquer l’art-thérapie... en s’orientant de la psychanalyse, la lettre ouverte d’une art-thérapeute s’orientant à partir de la psychanalyse,
- C’est quoi l’autisme Monsieur le Député Fasquelle ?, la lettre ouverte d’une psychologue clinicienne co-fondatrice de l’association Geppetto,
- Prêter ma voix..., la lettre ouverte d’une psychologue clinicienne orientée par la psychanalyse,
- Au cœur de l’école inclusive, la lettre ouverte d’une psychologue en milieu scolaire.
- Spécial autisme, contre la résolution Fasquelle, l’Hebdo-Bog 90.

- L’autisme à l’Assemblée nationale, un article de Pierre-Gilles Guéguen paru dans Lacan Quotidien 617.

mercredi 9 novembre 2016

TOURSKY : La table ronde : "Comment la culture, la créativité repoussent la solitude et la barbarie"

A l'invitation de Marie-Claude Taliana infirmière-organiz'artiste, art-thérapeute, artiste et du Dr Abrieu, psychiatre-organiz'artiste, chef de service au CHU Edouard Toulouse, je me suis rendu à Marseille pour participer au débat-Table ronde sur le thème : Comment la culture, la créativité repoussent la solitude et la barbarie ?"
J'étais en compagnie de Simone Molina, psychanalyste, poète et écrivain, Présidente de l'association Le pointe de capiton. De Philippe Mollaret, écrivain en herbe et du Dr Abrieu, président de l'AMPI (Association Méditerranéenne de Psychothérapie Institutionnelle).


 Philippe MOLLARET, Dr ABRIEU, Simone MOLINA, Jean-Louis AGUILAR

Voici mon intervention :
« Comment la culture, la créativité repoussent la solitude et la barbarie ».
Et je rajouterai à la culture et à la créativité, la création.
Dans le magazine GLOBE n°64 de février 1992 p.28, le sociologue Edgar Morin nous parle de la fin des temps modernes et de la ruée de l’humanité vers un nouveau moyen âge planétaire !
Le XXe siècle avec sa cohorte de croyances, la croyance au progrès avec sa sainte trinité laïque « science, raison, progrès », la croyance dans le marxisme-léninisme en tant que pseudoscience, les croyances religieuses nous projettent avec une rare violence dans le XXIe siècle et dans une régression sans précédent !
Dans cette crise que nous vivons, le retour vers le passé semble être un refuge que beaucoup recherchent. La quête des origines fait la part belle aux fondamentalismes, aux intégrismes et aux nationalismes. La barbarie, nous l’avons vu à l’œuvre dans l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, le Ruanda, la Syrie, etc…
Ce qui est nouveau dans ce siècle, c’est la nouvelle barbarie technologique, la barbarie néo-libérale alliée avec toutes les anciennes barbaries plus féroces que jamais, racismes, xénophobies, fanatismes religieux.
Face à la barbarie, deux réponses s’imposent à nous : prendre les armes ou partager la culture.

Je citerai pour exemple :
« Le théâtre de la liberté de Jenine » en Palestine : Que peut faire l’art ?

COMMUNIQUÉ DU THÉÂTRE DE LA LIBERTÉ DE JÉNINE LE 1 AOÛT 2015
Que peut faire l’art quand les bébés sont brûlés vivants, quand les maisons sont réduites en pièces par les bombardements, quand les adolescents sont abattus, quand les enfants sont laissés sans père ni mère, parce qu’ils ont osé défier l’oppression ?

QUE PEUT FAIRE L’ART QUAND IL FAIT FACE À UNE DES ARMÉES LES PLUS PUISSANTES AU MONDE, SOUTENUE PAR LES ÉTATS LES PLUS PUISSANTS AU MONDE, TUANT DES GROUPES DE GENS ,CASSANT NOS PORTES LA NUIT ET QUAND DES HORDES D'INDIVIDUS DÉRACINENT NOS ARBRES ET DÉTRUISENT NOS CHAMPS ?
QUE PEUT FAIRE L’ART QUAND NOUS NE POUVONS PAS AVOIR CONFIANCE L’UN DANS L’AUTRE ET QUE NOUS DEVONS MÊME NOUS CRAINDRE ?

ET SI L’ART PEUT MAINTENIR NOTRE HUMANITÉ ET NOS VALEURS, SI L’ART PEUT AIGUISER NOS SENS ET RENFORCER NOTRE FERMETÉ ET SI L’ART PEUT NOUS MONTRER LA VOIE VERS LA LIBERTÉ POUR QUE NOUS NE NOUS PERDIONS PAS SUR CE CHEMIN-LÀ ? 

C’EST CE QUE NOUS CROYONS ET CE POUR QUOI NOUS NOUS BATTONS. NOUS NE POUVONS PAS LE FAIRE SEUL ET C’EST POURQUOI …
NOUS SOMMES DEBOUT CÔTE À CÔTE AVEC NOS FRÈRES ET SŒURS DE RÉSISTANCE ; CELUI QUI REFUSE D'ACHETER CHEZ L’OPPRESSEUR, L’AUTRE QUI TIENT UNE PIERRE, LE TROISIÈME TENANT UN LIVRE, LE QUATRIÈME AVEC UN STYLO ET UN PAPIER, LE CINQUIÈME AVEC UN APPAREIL PHOTO, LE SIXIÈME AVEC UN PINCEAU ET UNE TOILE, LE SEPTIÈME AVEC SA VOIX, LE HUITIÈME EN PRISON QUI REFUSE DE MANGER, LE NEUVIÈME À L’UNIVERSITÉ APPRENANT À DIRIGER LES AUTRES, LE DIXIÈME SUR SCÈNE, LE ONZIÈME ENFERMÉ DANS SA CHAMBRE IMAGINANT QU’IL EST UN OISEAU VOLANT PAR-DESSUS LE MUR, LE DOUZIÈME, TREIZIÈME ET QUATORZIÈME : MARTYRS, LE QUINZIÈME À CÔTÉ DE CENT MILLE AUTRES PRÊTS À LIBÉRER LA PALESTINE.

La culture préférée à la Kalachnikov.
Je citerai le danseur Ahmad Joudeh qui danse dans les ruines de Palmyre en Syrie, qui danse dans sa ville détruite par la folie des hommes. Danser pour lui, c’est résister à la barbarie malgré les menaces de mort de l’EI.

Je parlerai aussi des camps de concentration en France, qui bien avant l’arrivée des nazis, ont été mis en place pour recevoir les étrangers à partir de 1938.
Dans les camps de concentration, le sujet se trouve face à l’anéantissement de l’être !
Je prendrai pour exemple l’œuvre picturale de Charlotte Salomon ou le Journal d’Anne Franck qui ont fait œuvre de création avant de disparaître, victimes de la solution finale.
Les œuvres des réfugiés et des républicains espagnols dans les camps de concentration français nous disent la souffrance, mais aussi la résistance à l’indicible, à l’insurmontable !
Ici, ce n’est pas d’art qu’il s’agit mais de création !

La création, c’est revenir à l’origine, l’origine du monde, revenir à l’origine du sujet. C’est l’action de donner l’existence, de tirer du néant (lorsque je parle du néant, c'est en référence à l'être et non au nihilisme).
Je tiens à préciser ma pensée quand je parle de l'origine du sujet, c'est de l'histoire du sujet et de sa famille qu'il s'agit !
Je me place du côté de la clinique et de la psychanalyse pour écouter et entendre ce que le sujet a à me dire de sa "création".
Les processus de création permettent  au sujet de rester vivant, de survivre.
Mais, ce n’est pas sans risques, car le sujet ne parvient pas toujours à réparer ses objets d’amour pour rester en vie.

L’art, pour moi, c’est avant tout un puissant médiateur d’expression de soi, ce n’est pas une finalité.
Il est un médiateurs parmi tant d'autres que nous pouvons utilisés pour nous révéler.

La création véritable, nous l’a trouvons auprès d’artistes qui n’ont pas d’autre choix que d’entrer en création comme on entre en religion !
Niki de Saint-Phalle, abusée, subissant l’inceste de son père avec le consentement de sa mère (qui nous renvoie au déni et au secret de famille). Face au déni de son psychiatre, elle n’a pas d’autre choix, devenir folle ou être artiste.
Ils sont légions, les artistes qui confrontés à la question de leur survie choisissent la création, Van Gogh, Picasso, Dali, Nicolas de Staël, Romain Gary, Garouste…

Qu’en est-il pour les patients qui subissent la barbarie des hôpitaux psychiatriques, internement, enfermement, contention, neuroleptisation abusive !
Dans la psychose, il y a deux voix d’expression de la folie :
-le délire, qui est une tentative d’adaptation et de réadaptation au réel. C’est aussi une création.
-et la création artistique qui est une recherche de l’identité sans cesse renouvelée car le nom du père est forclos !
La forclusion du nom du père, nous ramène à la symbiose avec la mère. Le travail de création vient suppléer le manque et l’absence du père. 
C’est le tiers esthétique qui peut permettre un étayage pour  le psychotique. C’est un travail de « réparation » et de survie, de résistance à la maladie mentale, à la folie.

J’ai parlé des véritables artistes qui entrent an création par instinct de survie. Qu’en est-il des artistes et des peintres du dimanche ?
Je ne parlerai pas ici de création mais de créativité au sens ou Winnicott l’entend.
L’enfant ne fera pas le deuil de l’objet transitionnel mais étendra son intérêt pour le transitionnel à tous les domaines de la culture.
Pour D.W. Winnicott, l’objet transitionnel sera délaissé progressivement par l’enfant et se répandra dans le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur : le territoire de la culture et de la communication, incluant le jeu, le langage et l’art.
« Il s’agit avant tout d’un mode créatif de perception qui donne à l’individu le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue », nous dit-il.

La créativité n’est pas forcément en lien avec l’art !  Le tricot, le jardinage, le bricolage, la cuisine, la randonnée ou la pétanque sont liées à la créativité !
La culture permet au sujet une intégration dans la société, une réappropriation du monde. 
La culture, c’est aussi un objet transitionnel qui permet de donner un sens à sa vie.
Et, je l’ai toujours proposé comme médiation au cours de mon exercice professionnel au Centre Hospitalier de Béziers pour que mes patients puissent lutter contre la solitude et retrouver leurs émotions et leur joie de vivre !

« Résister, c’est créer. Créer, c’est Résister »
Continuons le combat !


Jean-Louis Aguilar / Art-thérapeute et Président de l’ARAT



mardi 8 novembre 2016

Festival : « TOURSKY, les journées folles, entre folie artistique et artistique folie »…


Francis LALANNE, Philippe MOLLARET, Marie-Claude TALIANA et le Dr Alain ABRIEU

L’art comme terre fertile sur laquelle chacun peut se retrouver, avoir sa place où exprimer le tout et son contraire, le singulier et l’universel.
Créer un festival comme un trait d’union entre désir et réalité, entre imaginaire et symbolique, entre partage et rencontre.
Le projet s’est créé en se fixant comme objectifs le développement et la promotion de l’art et de la culture comme facteurs de liens sociaux et outils privilégiés de lutte contre l’exclusion.
Des personnes qui ont traversé des moments difficiles dans leur vie, des artistes vont se croiser.
La folie, la société, l’art, partagés comme expérience de tout Homme.
Du théâtre, des films, de la danse, des débats, de la musique, comme tissu vivant coloré de ces journées.
Ce festival permettant des ponts entre, le champ sanitaire et social, le champ de l’associatif, le monde du travail et le milieu culturel et artistique dans une démarche partenariale, initiant ainsi de nouveaux liens entre art et société.

AINSI : 
L’envie de créer ce festival a germé lors d’une diffusion d’un film réalisé au cattp, aux journées vidéo en santé mentale à Paris. Une porte s’est ouverte aux déploiements d’idées : un festival où les journées seraient préparées et organisées par le cattp., où l’occasion de confronter les expériences de vie des personnes venant d’horizons différents, de découvrir les dispositifs et les ressources mis en place dans notre région, de constituer un réseau « passerelle » pour un mieux être, en mettant en commun les stratégies et les solutions envisagées par chacun seraient possible.
Le choix du lieu ? Le théâtre Toursky pour tout ce que ce théâtre(et ceux qui le portent) peut représenter : pour son esprit d’aventures, d’ouverture, d’avant-garde…

Alors,
L’équipe soignante et les patients se sont rassemblés pour former une équipe organisatrice et même, l’équipe « Organiz’artitste ».
Préparation, logistique, élaboration du programme, rencontre avec les artistes, accueil du public, interviews ont été envisagés lors de réunions de préparation où un groupe s’est rapidement constitué partie prenante.

Un autre statut … Un autre regard … Un autre possible !

Les réunions de préparations, un terrain de la pensée, de l’échange, de la parole. « Un trésor des signifiants » (Lacan).
Un espace métaphorique …un lieu de surprises ! D'inattendus. Où « l’expressif » de chacun et « l’inter-expressif » colorent l’ambiance de ce que sera le festival.
Une mise en commun des énergies, des enthousiasmes : plusieurs artistes en 2015 ont été partenaires : Ahmad Compaoré (batteur, percussionniste), Marine Cheravola (danseuse) entre autres...
Des étudiants infirmiers sont venus et ont participé aux journées folles, se sont joint à l’équipe ! 
Des associations, le Collectif des « Arthérapotes », des psychanalystes et «psychan’artistes» nous ont soutenu.

Et l’équipe organiz’artiste a été présente à chaque étape de la création du festival. 
Il y eut la rencontre avec Richard Martin, directeur du théâtre Toursky, qui s’est montré enthousiaste lors de la présentation du projet et s’est engagé à mettre à disposition les locaux.
Il y eut la demande de subvention, la présentation du projet lors de l’assemblée générale d’une association qui s’est allié à l’aventure. L’ouverture d’une boite mail.
Il y eut la mise en place d’un atelier « interview », avec jeux de rôles … 
Il y eut et il y a beaucoup de rires et de moments sérieux aussi !
Il est souvent nécessaire de faire un point de là où on en est des avancées du projet 2016 et les actions s’envisagent. Les personnes se déterminent pour telle ou telle action : relever les mails, écrire un courrier, téléphoner etc…
Chaque proposition est étudiée par l’ensemble des organiz’artistes avant d’être mis sur la programmation.
Ces moments collectifs sont souvent le lieu de débats de sujets divers, et l’imaginaire, la sublimation, s’y déploient pour se relier ensuite aux situations concrètes. Un va et vient possible dans un espace sécurisé, partagé.  
Des phrases sur la folie sur l’art : « la folie, un authentique caprice », « l’art, il faut le laisser dire »…
Le groupe permet la création d’un objet commun où chacun est partenaire de l’autre et est constitutif d’un ensemble. La création, comme langage singulier s’offrant, se dévoilant au pluriel.
Dans la théorie gestaltiste : ‘un tout est autre chose que la somme de ses éléments, et c’est la manière dont ses éléments s’agencent et se structurent entre eux et non leurs caractéristiques intrinsèques qui le caractérise. Dans cette perspective, le groupe a une réalité propre. Il forme un système d’interdépendance ». 
Il développe un sentiment d’appartenance. Un lieu de re-co-nnaissance.  Il redéfini des buts, des valeurs, des normes, des statuts. 
Un lieu où trouver ou retrouver sa consistance. Nasser qui, lors de démarches et de rencontres diverses me dira dans le trafic sur le chemin du retour : « avec tout ça, j’ai l’impression de retrouver une conscience ! ».
 Il invite à l’innovation, la critique, la confrontation. La satisfaction aussi de partager et d’offrir du merveilleux.
Il envisage des collaborations. Cette année, le collectif a souhaité que les photos créés sur le pavillon d’hospitalisation soient le « porte drapeau » du festival. Créer des liens hors institution et dans l’institution. Et, dans cette perspective, nous avons contacté Carmen (l’éducatrice qui s’occupe sur le pavillon d’hospitalisation de l’atelier socio), lui avons soumis le projet  et l’avons invité avec les photographes au cattp lors d’une réunion festival.
Nous sommes allés rencontrer les personnes sur le pavillon d’hospitalisation pour présenter le festival et envisager un « partenariat » … 
Reportage photos, confections et vente de gâteaux et d’objets, publicité etc …
Aller à la rencontre de l’autre et …
Découvrir un autre chemin, ce festival devenant un objet autonome dont s’emparent les uns et les autres pour y déployer leurs discours artistiques, pour créer des liens, pour susciter des débats…
écrire une autre histoire !

René Char disait : « la poésie s’écrit au rythme de l’homme qui marche ».

Marie-Claude Taliana / IDE, Artiste et Art-thérapeute.
CATTP Lou Blaï / CHU Edouard Toulouse

Belgique : la réglementation de la psychothérapie évolue

Le projet de loi de la ministre de la Santé Maggie de Block pour l’encadrement de la pratique de la psychothérapie a été voté et adopté par la commission de la Chambre en juin. À partir du 1er septembre 2016, le statut ainsi que la dénomination de la profession vont changer, le titre de psychothérapeute va disparaître. Les séances de psychothérapie ne seront dorénavant pratiquées que par les médecins, psychologues cliniciens et orthopédagogues.


Ce qui n’a pas enchanté bon nombre de professionnels, avec plus de 250 signataires regroupés autour d’une lettre ouverte demandant une suspension du vote envoyée au Premier ministre Charles Michel. Diverses associations professionnelles, représentants des hautes écoles, étudiants, et les députées d’opposition Laurette Onkelinx (PS), Karin Jiroflée (sp.a) et Muriel Gerkens (Ecolo-Groen) ont fait part de leur désaccord et inquiétudes, notamment sur la volonté de Mme De Block de « considérer la psychothérapie comme un acte médical ». Plusieurs points ont été mis en avant dans cette lettre d’information, particulièrement les conséquences que ce projet de loi aura sur les professionnels, mais également sur les patients.

Encore une fois, la réglementation du titre de psychothérapeute est sujette à controverse, en France et au Québec les réformes de cette profession ont également fait débat et ont soulevé les mêmes inquiétudes. Alors que ces lois ont pour but de supprimer les dérives de la pratique de la psychothérapie, elles finissent par réduire la qualité des soins au lieu de l’améliorer.

Un des points dénoncés par les opposants, notamment Francis Martens, président de l’APPPsy, est que l’on fait prévaloir le savoir universitaire sur le savoir-faire et le savoir-être : « Je préfère un psychothérapeute bien formé à un psychologue surdiplômé, mais non formé. »

Et selon le syndicat socialiste, « le projet de loi menace également l’emploi dans la mesure où il mettra en difficulté les praticiens de différentes structures, dont les centres de planning familial, qui ne seront plus autorisés à exercer leur métier ».

Des inquiétudes et des interrogations qui se cumulent, la formation des professionnels de la psychothérapie est également remise en cause. La lettre dénonce la suppression d’une formation qui ne peut être transmise que par des professionnels compétents et expérimentés dans le domaine et non par un professionnel médecin généraliste, par exemple, « qui n’a qu’à peu près 150 heures de psychologie sur son cursus ». « Les généralistes ont beaucoup de place dans le domaine de la santé mentale, mais n’ont quand même pas des compétences de personnes qui sont formées en psychologie ou en psychiatrie », selon Brigitte Dohmen, psychologue et psychothérapeute (dans l’émission de radio d’Antoine Peret sur Bel RTL). Contrairement à un psychologue clinicien qui, lui, fait 5 années d’études, sans compter le complément de formation et de supervision s’il souhaite compléter sa formation de base avec des méthodes complémentaires (hypnose, EMDR, TCC…). Ce qui n’est pas équitable !

Autre grand point, la suppression de diverses approches au profit exclusif d’un courant comportementaliste ou d’un panachage superficiel de différentes approches. Les signataires font part des bienfaits de la diversification des courants psychothérapeutiques, permettant « un ajustement, le plus adéquat et le plus personnalisé ». Ce qui fera dorénavant défaut aux patients.

http://www.mon-psychotherapeute.com/belgique-la-reglementation-de-la-psychotherapie-evolue/

vendredi 21 octobre 2016

Martin Winckler : « En France, la hiérarchie médicale reproduit la hiérarchie de classe »

Le médecin et écrivain Martin Winckler dénonce dans un livre "les brutes en blanc" la maltraitance dans le monde médical : éditions Flammarion 16,90 euros


Votre dernier ouvrage, les «brutes en blanc» a fait beaucoup parler de lui. Pourquoi avoir choisi d'aborder la question de la maltraitance envers les patients ?

En tant que médecin ou suite aux témoignages de patients, j'ai pu constater un certain type de comportements qui sont très répandus. Ce qui préoccupe un grand nombre de praticiens, ce n'est pas de soigner les gens, de les soulager ou de résoudre leurs problèmes mais de faire des diagnostics brillants, de dominer les patients qui se confient à eux. La première chose qui m'a frappé quand j'ai commencé à faire mes études de médecine, puis lorsque j'ai exercé, c'est le sentiment de supériorité qui anime certains médecins.

C'est à dire ?

La maltraitance médicale ordinaire commence par les comportements les plus quotidiens, c'est par exemple la désinvolture ahurissante des « patrons » qui entrent dans une chambre et consultent un dossier en s'adressant à l'interne, sans même un regard au patient, le mépris avec lesquels certains répondent ou ne répondent pas aux familles qui leur demandent des nouvelles, les comportements infantilisant du genre « Comment va-t-il aujourd'hui le petit monsieur ? », les retards systématiques en consultation sans prévenir ni jamais présenter d'excuses, la médecine à double vitesse des praticiens hospitaliers pour qui il faut attendre des mois un rendez-vous en consultation publique mais qui vous accordent un rendez-vous dans la semaine en consultation privée … Pour une somme colossale, et enfin, le sentiment récurrent qu'on tant de patients de « déranger » le médecin ...

Comment expliquez vous cela ?

Je pense que le recrutement très sélectif fait qu'une très grande majorité d'étudiants en médecine vient de milieux favorisés. Nous sommes complètement dans le phénomène de reproduction sociale que décrivait le sociologue Pierre Bourdieu. Combien de fois ai-je entendu : « il ne faut pas croire ce que le patient te dit ? Ou encore, on ne dit pas cela au patient car il ne peut pas comprendre... Il faut que tu décides pour lui...»

Sur le plan moral c'est inacceptable. Comment accompagner un patient si on pense que l'on a, en face de nous, un imbécile ? La hiérarchie médicale reproduit les hiérarchies de classe de la société française. Il faut que les patients restent à leur place. Et puis, à l'Université on enseigne ni l'éthique, ni la psychologie, ni l'empathie. Pire, le milieu médical est un univers violent au sein duquel l'éducation se fait par harcèlement moral, humiliation pressions chantage... De nombreux blogs d'étudiants en médecine en témoigne.

Vous parlez aussi de comportements ouvertement sexistes ?

Une enquête publiée dans le quotidien du médecin révélait que 30 % des femmes médecins subissent du harcèlement sexuel durant leurs études... Il est clair que celui ci touche aussi les patientes. Comme les hommes consultent plus rarement que les femmes, les médecins ont aussi bien ancré le préjugé selon lequel les hommes se rendent chez le médecin pour des raisons valables et les femmes un peu pour n'importe quoi... Il existe encore un paternalisme très fort. On ne les prend pas au sérieux.

Certains médecins mais aussi le Conseil de l'Ordre a très mal pris la sortie de cette ouvrage.

Cette réaction est le reflet même de l'esprit de caste et de corps que je dénonce. En France, on a pas le droit de critiquer les médecins. Pourtant, il y a bel et bien une culture du comportement médical qui pose problème et qui s'exerce aussi bien entre professionnels, au sein des services dans lesquels on constate les effets délétères de la brutalité des chirurgiens sur les équipes... Peut-on tolérer que quelqu'un qui est au sommet d'une pyramide destinée à servir le public -on n'est pas dans l'armée- fasse régner la terreur? Or, c'est loin d'être une fatalité car il y a, et c'est heureux, des gens formidables au sein de cette profession. Je me considère moi comme un citoyen et je m'autorise à critiquer, si je le souhaite, l'institution médicale. Je peux aussi le faire en tant que médecin, patient ou parent de patients. Les médecins maltraitants profitent de la situation parce qu'on ne leur dit pas non. J'ai reçu, en revanche, de nombreuses réactions de patients qui se retrouvent complètement dans ces témoignages.

En tant que patient, comment s'opposer à ces formes de maltraitance ?

Il faut toujours avoir à l'esprit que selon le code de déontologie, c'est le médecin qui a des obligations envers le patient et non l'inverse. Il doit répondre à vos questions, vous informer, demander votre consentement. Il doit vous donner son avis, pas vous l'imposer ni opérer de chantage. S'il ne respecte pas ces obligations, si par dessus le marché, il vous parle mal ou vous insulte, vous n'avez aucune raison de lui faire confiance. Il faut en changer. En cas de problèmes, les associations de patients, les maisons des usagers et le Défenseur des droits sont là pour vous aider.

Anne-Marie Thomazeau
18-10-2016
http://www.viva.presse.fr/martin-winckler-en-france-la-hierarchie-medicale-reproduit-la-hierarchie-de-classe-172160

mercredi 19 octobre 2016

Martin Winckler : « Les médecins ne doivent pas être des cadors »

Ce médecin et écrivain vient de publier « Les Brutes en blanc », sévère réquisitoire contre la maltraitance médicale en France. Pour « Le Monde », il revient sur son parcours et estime que « la parole du patient est l’essence de la médecine ».


Martin Winckler a exercé la médecine générale en France de 1983 à 2008, en zone rurale et à l’hôpital. Auteur en 1998 du succès de librairie La Maladie de Sachs (P.O.L), il vit depuis 2009 au Canada. Son nouvel ouvrage, Les Brutes en blanc (Flammarion, 248 pages, 16,90 euros), suscite la polémique et l’ire de l’Ordre des médecins.

Je ne serais pas arrivé là si…
Si je n’étais pas parvenu à convaincre mon père de me laisser partir un an aux Etats-Unis. C’était en 1972, je venais d’avoir mon bac, et cela m’a ouvert un monde. En France, quand j’étais adolescent, je ne pouvais pas dire que je voulais devenir écrivain. Médecin, oui : mon père l’était, ça rentrait dans l’histoire familiale. Mais écrivain, non. Alors qu’aux Etats-Unis, quand je disais : « Je veux être un écrivain et un médecin », on me répondait que c’était deux bons métiers qui n’étaient pas incompatibles.

Qu’avez-vous fait pendant cette année américaine ?
J’étais parti avec l’association AFS Vivre Sans Frontière, qui organise des échanges familiaux entre lycéens de différents pays. J’étais logé dans une famille de Minneapolis, dans le Minnesota, et j’allais au lycée voisin, en terminale. J’y ai découvert la confiance qu’on faisait aux jeunes gens, les outils qu’on leur donnait pour apprendre par eux-mêmes, pour les aider à s’épanouir. J’y ai joué dans deux pièces, y compris le rôle principal dans une comédie musicale !
Cette année a été d’autant plus magnifique qu’adolescent, j’étais déjà très imprégné de cette culture : je lisais des romans américains et des comics books, je regardais des films américains, j’écoutais du jazz… Tout cela parce que notre père nous envoyait mon frère et moi tous les étés en Angleterre. Il voulait absolument qu’on parle cette langue couramment : il était très en avance ! C’était quelqu’un de très scientifique, et il savait que la science, c’est d’abord écrit en anglais.

De retour en France, vous commencez vos études de médecine. Quand avez-vous décidé de devenir médecin ?
Très tôt. Je voyais mon père exercer – à Pithiviers (Loiret) où j’ai grandi, son cabinet était dans la maison. Je l’accompagnais parfois dans ses tournées… Il avait été pneumologue, puis médecin généraliste. Très jeune, sa manière d’exercer m’a donné envie de faire la même chose. Quand je voyais les patients sortir, lui serrer la main en lui disant : « Docteur, ça m’a fait beaucoup de bien de vous parler », je me disais que c’était un beau métier. C’était un médecin de famille. Un « soignant », c’est-à-dire quelqu’un qui soigne.

Vous arrivez donc à la faculté de médecine, à Tours…
Et très vite, je me retrouve extrêmement frustré. Et en colère. Car ce que je voyais à la fac ne correspondait pas du tout au modèle que j’avais eu à la maison ! Ni à ce que j’avais imaginé durant mon séjour aux Etats-Unis. J’avais visité des hôpitaux à Minneapolis, j’avais parlé avec des étudiants, je pensais que les études en France, ce serait pareil… Et je découvrais brutalement que nous avions quarante ans de retard.

L’attitude élitiste des professeurs ! Leurs discours sexistes ! Le bizutage ! Un système autoritaire, paternaliste, où l’on maltraite et méprise les étudiants qui deviennent eux-mêmes violents. J’ai tout de suite trouvé ça insupportable. Dès ma première année, j’écrivais des pamphlets que j’affichais sur les murs du restaurant universitaire !

Cet esprit très critique qu’on vous connaît, ça remonte donc à loin…
Cela vient en partie de mon père, qui était lui-même très critique vis-à-vis du système dans lequel il avait été éduqué. Il me parlait de grands patrons qui étaient des ordures absolues, à qui il avait tenu tête. De l’antisémitisme, aussi. Il avait fait ses études à la faculté de médecine d’Alger, et il me racontait qu’il avait fait pneumologie parce que le chef de service de pneumologie était juif et qu’il l’était aussi. J’étais donc éveillé au fait que ce n’était pas de la tarte !

Et puis, mes parents étaient des gens extrêmement ouverts. Mon père avait grandi à Bab el-Oued, quartier très populaire d’Alger, son cabinet médical était aussi à Bab el-Oued, le dispensaire dans lequel il travaillait soignait surtout des gens pauvres, donc des musulmans… Pour lui, soigner, c’était soigner tout le monde. Ce sont des valeurs qui m’ont été transmises. Et il y a les miennes propres. J’ai horreur des abus de pouvoir, de la discrimination, qu’on humilie les gens. Ce sont des choses contre lesquelles je me révolte spontanément.

Vous êtes né à Alger, et n’êtes arrivé à Pithiviers qu’à l’âge de sept ans, après un passage en Israël. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?
Très peu. J’ai dû beaucoup enfouir et refouler, et je me souviens surtout de ce que nos parents nous ont raconté plus tard. L’Algérie, on a dû la quitter du jour au lendemain, en 1961. On a eu de la chance : mon père avait été prévenu que l’OAS avait mis sa tête à prix. Il ne tenait pas à ce que l’indépendance fasse partir la France, mais il n’était pas non plus franchement Algérie française. C’était un médecin qui voulait soigner tout le monde, qui ne voulait pas prendre les armes. Quand quelqu’un lui a dit qu’il fallait faire attention, il a décidé de s’en aller du jour au lendemain.

De ce départ précipité, du passage éclair en Israël, mes parents ont beaucoup souffert moralement. Ils étaient sionistes, et pour eux, c’était évident : s’ils quittaient l’Algérie, c’était pour Israël. Mais cela n’a pas marché.

A Jaffa, où nous avons passé presque un an, mon père n’a pas trouvé de travail. Il avait déjà presque 50 ans, il ne parlait pas bien l’hébreu, c’était un immigrant… Ils ont donc dû faire leur deuil de cet alya, et ce fut une grande blessure pour eux. Nous sommes arrivés à Pithiviers par un concours de circonstances : un médecin cherchait à céder sa clientèle, la maison était grande, il y avait un jardin avec une balançoire… Mon père a décidé d’installer sa famille à cet endroit.

Quel rapport avez-vous avec le judaïsme ?
Je suis athée, mais c’est pour moi un bagage culturel très important. Et non exempt de critiques. Je n’ai pas du tout une vision idéalisée d’Israël. Je pense qu’il devrait y avoir deux Etats, et qu’on devrait tout faire pour qu’Israéliens et Palestiniens vivent en paix. Mais ce n’est pas un sujet qui me concerne particulièrement.

Quand commencez-vous à écrire ?
Vers 10-12 ans : des énigmes policières, des nouvelles de science-fiction. Mes parents étaient des raconteurs d’histoires, et de grands lecteurs. L’écriture, pour moi, cela a d’abord été cela : raconter des histoires. Puis me raconter : je tiens un journal depuis l’âge de 14 ans, qui se prolonge aujourd’hui dans les blogs sur lesquels je m’exprime.
En grandissant, c’est aussi devenu un outil de partage, d’échange. Juste après avoir fini mes études et m’être installé, en 1983, je suis devenu rédacteur pour la revue Prescrire. J’y suis resté six ans. C’est là que j’ai écrit les premiers textes personnels sur ma propre pratique, qui m’ont servi de matrice pour certains chapitres de La Maladie de Sachs.
Dès l’adolescence, quand je lis Arsène Lupin, Sherlock Holmes ou Agatha Christie, je voulais être un auteur de science-fiction. Mais il se passe un certain temps avant que je puisse envisager de faire de la « littérature ».

Je lis très peu de classiques quand je suis jeune, je découvre Madame Bovary à 30 ans… Mais quand je lis La Vie mode d’emploi, de Georges Perec, je suis ébloui. Enfin un écrivain, un intellectuel qui donne l’impression d’être toujours en train de s’amuser ! Perec était un grand lecteur de fictions populaires, il n’arrête pas de citer les auteurs de romans policiers ou de science-fiction. C’est lui qui m’a le plus aidé à démystifier le métier d’écrivain. Je commence alors un roman, que je ne finis pas… Et puis un jour, alors que je travaille dans un centre d’interruption de grossesse à l’hôpital du Mans, je me demande : c’est quoi ce travail, d’avorter les femmes ? En quoi ça consiste ? Cela donnera La Vacation (P.O.L, 1989), mon premier roman.

C’est là que vous prenez votre nom de plume ? Que le docteur Marc Zaffran devient Martin Winckler ?
J’avais déjà pensé à ce pseudonyme au moment de la mort de Pérec, en hommage au Gaspard Winckler de La Vie mode d’emploi. En 1989, c’est donc de ce nom que je signe La Vacation. Le livre ne marche pas bien mais il a été publié et me rapporte un peu d’argent. Et puis je suis avec l’éditeur de Perec, Paul Otchakovsky-Laurens, qu’est-ce que je peux demander de mieux ?
Je commence alors à écrire un autre roman, avec un objectif très simple : je veux montrer qu’un médecin est une personne comme une autre, et décrire ses relations avec les patients qui viennent le voir. Et j’ai cette idée : tout le monde va raconter sa vision des choses. On m’a dit par la suite que ce roman illustrait exactement mon point de vue de médecin, selon lequel tout patient a droit à la parole, à l’écoute. Mais je l’ai fait intuitivement, sans l’avoir théorisé !

Ce fut donc « La Maladie de Sachs », qui obtint le prix du Livre Inter 1998 et se vendit à plus de 600 000 exemplaires. Comment expliquez-vous un tel succès ?
Le prix a beaucoup aidé, mais il n’explique pas tout. Les gens ont été touchés par ce livre, ils l’ont offert autour d’eux. Ce fut la même chose avec Le Chœur des femmes (P.O.L, 2009). Dans les années qui ont suivi sa publication, j’ai reçu tous les jours – tous les jours ! – un ou deux messages de lectrices.
Mes livres leur parlent de leur vie, d’une manière qui je crois les respecte, qui leur donne leur place. J’ai une très bonne oreille : je retiens bien ce qu’on me raconte et la manière de le faire. Cela aide ceux qui me lisent à se reconnaître, et à avoir envie d’être écoutés de cette manière – ce qui devrait toujours être le cas.
On apprend énormément des gens qui nous parlent, ils nous apprennent la vie en nous racontant la leur. C’est pour cela que les soutenir, les soulager, c’est la moindre des choses ! Et que s’il y a une chose qui m’horripile, c’est ce sentiment très répandu chez les médecins français – pas tous, mais beaucoup d’entre eux – qu’ils sont supérieurs à ceux qu’ils soignent.

Une exaspération qui vous a fait vous installer à Montréal ?
Je suis parti en 2009, dès que j’ai pu briguer une bourse de chercheur d’un an. Cela m’a permis d’emmener ma famille, d’avoir un permis de travail et de demander une résidence permanente. Mais cela faisait déjà dix ans que j’allais régulièrement au Québec. Grâce à La Maladie de Sachs ! Car pour les Canadiens, c’était un roman sur l’éthique médicale. J’ai donc découvert que je faisais de la prose sans le savoir, et j’ai eu envie d’en apprendre plus sur cette discipline – ce que je ne pouvais pas faire en France.

L’univers médical que vous avez trouvé au Canada est-il vraiment différent ?
Il repose sur un autre paradigme, qui est que la parole du patient est l’essence de la médecine. Je vais vous donner deux exemples. A la faculté de médecine francophone de Montréal, il y a un programme que l’on appelle « patients partenaires », dans lequel tous les étudiants en médecine se font proposer un mentor qui est un patient souffrant d’une maladie chronique. De même, à l’université McGill, l’interview de recrutement des étudiants en médecine – qui se fait sur dossier, pas sur concours – est réalisée par un médecin et un patient.

Quelles sont vos activités à Montréal, où vous n’exercez plus la médecine ?
Principalement l’écriture. Je collabore à des blogs médicaux, j’écris des articles dans des revues culturelles sur les séries télé – une de mes passions. J’ai aussi passé deux ans à faire une maîtrise en bioéthique. Et je participe à deux enseignements, de façon modeste mais significative pour moi : un atelier d’écriture pour les étudiants en médecine de l’université McGill, et un séminaire à la faculté d’Ottawa sur le thème médecine et humanités.

La clinique ne vous manque pas ?
Si, bien sûr. J’ai fait un choix radical, c’est vrai. Mais on ne peut pas rester éternellement dans une situation de frustration. Je suis très heureux à Montréal. Très heureux au Canada en général, où l’état d’esprit est infiniment plus tolérant et respirable que celui de la France – surtout en ce moment ! Et puis écrire, c’est encore faire de la médecine ! Je partage le savoir.
Quand j’écris un livre sur la contraception ou sur le pouvoir abusif des médecins, ce n’est pas seulement pour exercer la critique : c’est pour donner des outils. C’est pour ça que je termine Les Brutes en blanc en disant à mes lecteurs que s’ils ont un problème avec un médecin, il vaut mieux porter plainte au pénal qu’à l’Ordre des médecins.

Ce livre, sous-titré « La maltraitante médicale en France », est extrêmement sévère envers ce que vous appelez « la caste médicale de la Ve République ». Pourquoi avoir jeté ce pavé dans la mare, alors que vous vivez au Canada ?
Parce qu’il arrive un moment où la masse d’informations dont vous disposez, sur un sujet très important, est telle que ça ne peut plus faire l’objet d’un simple article. Il faut faire une somme, même si elle est forcément temporaire et partiale.
J’ai accumulé tant d’expériences personnelles en tant qu’étudiant en médecine puis en tant que médecin. Les patients et d’autres professionnels de santé m’en ont tant raconté. Il y a tant d’articles, de livres, qui témoignent de la progression de la pratique médicale dans d’autres pays… J’ai donc essayé de faire une somme de tout ça.
Et d’expliquer de quelle maltraitance il s’agit en France, et ce qu’elle suggère : le sentiment qu’on donne aux médecins qu’ils sont des cadors. Ce qui est moralement inacceptable et fait le lit de la violence.

Comment espérez-vous que ce livre sera reçu ?
J’espère qu’il donnera une bouffée d’air aux patients. Ainsi qu’à certains médecins, qui savent tout ça et qui seront bien contents que quelqu’un le dise à leur place. Il y a aussi des médecins de bonne volonté, qui ne se rendent pas compte qu’ils sont maltraitants parce qu’ils sont eux-mêmes opprimés par le système, et qui vont peut-être se dire : « Quand même, je dois pouvoir faire autrement »… C’est la seule chose que j’espère.

L’Ordre des médecins a publié, le 7 octobre, un communiqué regrettant que vous ayez fait « le choix de la caricature et de l’amalgame », et estimant que votre livre vise « à réduire l’ensemble de la profession médicale à des maltraitants ». Comment réagissez-vous à cette accusation ?
L’Ordre trouve plus important de « défendre l’image de la profession » en accusant un citoyen de « se faire de la publicité » qu’en se préoccupant des comportements de ses membres. C’est de la langue de bois en teck. Je trouve ça à la fois significatif, ridicule et futile.

Propos recueillis par Catherine Vincent
LE MONDE | 16.10.2016 à 07h43 • Mis à jour le 16.10.2016 à 17h24 |
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/10/16/martin-winckler-les-medecins-ne-doivent-pas-etre-des-cadors_5014541_3232.html#IAdtD7ttr8cdrAuU.99

« Les brutes en blanc - Pour en finir avec la maltraitance médicale en France »,
Flammarion, 16, 90 euros, 248 pages

vendredi 14 octobre 2016

Mon père veut mourir !

PLAIDOYER POUR LA LÉGALISATION DE L'EUTHANASIE EN FRANCE 


Mon père à son 90e anniversaire le 19 janvier 2012 avec ma mère.

Mon père est devenu au fur et à mesure du temps qui passe un homme usé par la vie et la maladie.
En 2016, à l'âge de 94 ans, cloué dans un fauteuil roulant pour handicapé, il ne trouve plus de sens à sa vie !
Depuis plusieurs années, sa santé décline entraînant une perte d'autonomie et une grande dépendance, ainsi qu'une grande souffrance morale et physique. Mon père ne le supporte pas et il n'a jamais supporté son inutilité.
Sa vie n'a pas de sens, plus rien ne le retient, ni le boire, ni le manger, ni la vie...
Ce combat entre Eros et Thanatos, c'est Thanatos qui le gagne !

Et en avril 2016, rien ne va plus.
Il fait un premier malaise sur le balcon, et son calvaire commence !
Les pompiers, les urgences, puis retour à l'envoyeur pour malaise vagal !

Le 31 mai 2016, il tente d'en finir en faisant une tentative de suicide (TDS) tant tragique que dérisoire. Profitant que ma mère change de pièce, il se jette la tête la première sur la porte-fenêtre pour en casser le double vitrage. Mais le double vitrage ne casse pas et c'est sa tête qui s'ouvre comme une pastèque !
Je suis alerté par la télésurveillance qui me dit que mon père est à terre. Je me rend au domicile de mes parents, j'arrive avant les pompiers.
Les pompiers arrivent.
Mon père me dit cette phrase terrible : " Nous sommes abandonnés, je l'ai fait exprès !"
Dans un accès anxieux, il a voulu en finir avec la vie, mais il a raté...
Je ne le comprendrai que bien plus tard en parlant avec mon épouse, qui m'ouvrira les yeux en me disant qu'il a essayé de se tuer.
Il part avec les pompiers aux Urgences de l'hôpital, il est 15 h.
J'accompagne l'ambulance aux urgences, et je me glisse dans le couloir du service des Urgences pour donner mon n° de portable à un soignant. Un médecin me stoppe et me dit de sortir immédiatement !
J'explique à cette dame que j'accompagne mon père et que je suis un ancien de l'hôpital de Béziers.
Elle me répond qu'elle aussi est de l'hôpital et elle me met à la porte !
A 20 h, je n'ai pas de nouvelles de mon père !
Je suis inquiet sur le devenir de mon père, est-il toujours vivant ?
Je téléphone une première fois aux Urgences.
Un infirmier me répond que mon père est en train d'être suturé par le médecin, et que je dois rappeler dans un quart d'heure.
A 20h15, je rappelle, je tombe sur le médecin.
Je me présente et je lui demande des nouvelles de mon père. Il me répond : "Je n'ai pas le temps, j'ai d'autres urgences à voir !" et il raccroche brutalement le téléphone !!!
Je rappelle l’accueil des Urgences, je tombe sur la standardiste qui me semble plus humaine que le médecin urgentiste. Elle me dit : "Rappelez et demandez le Dr Colin-Maillard* ".
Je la remercie pour son aide.
Je rappelle le Dr Colin-Maillard*, celui qui semble jouer à cache-cache avec les patients et leurs familles. Je me présente et je demande des nouvelles de mon père. Il me dit qu'il est surbooké, qu'il vient de prendre sa garde, il se plaint de ses conditions de travail. Il ne me donne pas de nouvelles de mon père, il est dépassé ...je n'insiste pas.
Mon père est renvoyé à son domicile à 23h30 dans un état déplorable.
Je le réceptionne, des croûtes de sang coagulé parsèment son crâne, il s'est pissé dessus, on ne lui a pas donné ni eau, ni alimentation de toute la journée !
Il arrive escorté par deux ambulanciers, il vomit une bile noire !
Nous le mettons au lit avec les ambulanciers, et il s'endort immédiatement épuisé.
L'aspect psychologique n'a pas été pris en compte, on l'a recousu et renvoyé une nouvelle fois.

Le 11 juin, de plus en plus faible, il fait un nouveau malaise à son domicile.
Le SAMU est appelé, mais ce sont les pompiers qui font les premiers secours ( ils sont formés au secourisme).
Mon père à 4 de TA, il est en train d mourir !
En soulevant mon père de son fauteuil roulant pour le transporter, ils le font basculer en arrière et il se cogne violemment la tête contre un meuble.
Il est reparti aux Urgences de l'hôpital qu'il redoute par-dessus tout !
Il est ensuite muté en cardiologie pour malaise cardiaque. Deux jours après on lui pose un pace-maker et on lui remet un traitement pour hyper -TA !
Le Dr B. cardiologue avait bien spécifié qu'il ne fallait pas de traitement pour l'hyper-TA, et de surcroît qu'il ne faisait pas d'arythmie, ni de bradycardie.
Donc, pas de pace-maker à un patient qui est en train de mourir !
Son dossier n'a pas été lu, pourtant il contenait toutes les indications et conduites à tenir.
L'hôpital est devenu un lieu déshumanisé ou les soignants et les médecins ont peur de la montée de la judiciarisation que les usagers mécontents ont provoqué, ils se retranchent derrière leur technicité, des actes opératoires, des protocoles.
Ils ont tout fait, ils se protègent pour être inattaquable !

Alors qu'il est rentré à l'hôpital en fauteuil roulant et qu'il faisait les transferts dans son appartement en déambulateur.
Dix jours plus tard, mon père est devenu grabataire, il a été sondé et de surcroît il a récolté une infection urinaire !
Ma sœur, voyant son état, demande au médecin une mutation dans un service de soins de suite et de réadaptation (SSR).
La mutation à lieu le 21 juin.
Il semble vouloir reprendre le combat pour la vie, mais c'est de courte durée.
Je rencontre le médecin gériatre Dr Marie-Chantal* le 27 juin, qui me dit brutalement que le temps d'hospitalisation dans son service est de 3 semaines et qu'il me faut trouver un placement en EHPAD. Et, si je ne le fais pas moi-même, elle s'en chargera pour trouver une place dans le premier établissement venu ! Je me retrouve désespéré devant cette injonction médicale, trouver un placement en l'espace de quinze jours.
En discutant avec une infirmière du service, elle me donne une solution dans l'urgence, faire une demande de long séjour à l'hôpital.
Cependant mon père décline, il fait des malaises et l'équipe ne le stimule plus pour le lever au fauteuil et elle le laisse au lit. Il se plaint de fortes douleurs, j'alerte le médecin du service qui mettra 3 jours pour prescrire un antalgique !

Mais le plus dur pour lui et sa famille reste à venir.
Le 2 août, il est muté en long séjour (statut d'EHPAD), dans le service d'à côté, son calvaire va s'intensifier. Une infirmière me dit : "votre père n'est pas très poli, il ne dit pas s'il vous plaît, merci !" Le médecin du service le Dr A Guichets Fermés* me dit : "votre père a un caractère de cochon !"
Est-ce que ce n'est pas déjà une maltraitance faite à un homme qui est en train de mourir ?
Je revois cette infirmière et m'étonne que mon père soit abandonné dans une chambre sans aucune aide pour le faire manger. Elle me répond qu'il est opposant et qu'elle ne peut pas le forcer à manger.
En outre, elle me raconte qu'elle est en charge de 24 malades, que le service est en sous effectif et qu'elle n'a pas le temps de s'occuper de mon père.
Je demande à voir le médecin.
Il fait le forcing pour ne pas me recevoir, mais j'obtiens malgré tout un rendez-vous.
Je suis reçu par le médecin et le cadre de santé, elles se sont concertées pour préparer l'entretien, j'ai l'impression d’être devant un tribunal. Elles me disent dans un accord parfait que mon père est opposant aux soins, à la prise de traitements, à l’alimentation !
Le cadre me dit qu'elle peut en témoigner. Je comprend surtout qu'elles ont peur du procès en justice, alors que je suis venu demander des nouvelles de la santé de mon père.
Mon père a été catalogué d'opposant thérapeutique, elles n'ont pas vu que c'est un homme qui est seul face à la mort. Elles n'ont pas vu que je suis un fils qui ne supporte pas l'acharnement thérapeutique qui est infligé à son père.
Comme l'hôpital a changé, je ne reconnais plus cet hôpital ou j'ai travaillé pendant 34 ans.
Les soignants et les médecins ont peur, ils se protègent et ne s'engagent plus humainement !
Le médecin me propose de muter mon père dans une clinique psychiatrique ( peut-être en tant qu'opposant thérapeutique ? ).
Ils n'ont pas compris que mon père livre son dernier combat avec la mort !
Sa façon de résister, c'est de dire non aux soignants.
Non, vous n'aurez pas le dernier mot, semble-t-il vouloir dire enfermé dans sa douleur et son incapacité à parler.
Je me heurte au pouvoir médical, à la toute puissance du spécialiste qui sait et qui me coupe la parole comme à un subalterne.
Mon père me dit qu'une infirmière lui a dit de dire s'il vous plait merci pour demander quelque chose.
Elle n'a pas compris qu'il est en train de mourir et qu'il n'a plus la force de faire des courbettes.

J'apprends fortuitement qu'un psychiatre est venu en consultation à son chevet le 22 septembre et qu'il a prescrit un anti-dépresseur (Norset) ! Un anti-dépresseur à un mourant, je ne comprend plus ou plutôt je comprend qu'ils sont dépassés...
Personne ne me parle de l'accompagnement du mourant, mais l'infirmière du service me glisse qu'il faut que j'amène des vêtements pour l'habiller quand il sera mort.
Le lendemain, j'accompagne ma mère qui a 89 ans et elle me dit cette phrase : "Puisqu'il ne mange plus et qu'il ne boit plus et qu'il veut mourir, pourquoi lui avoir mis un pace-maker ?"
La fulgurance de la pensée chez une femme qui ne connaît rien à la médecine.


Mon père sur son lit d'agonie et de mort le samedi 1e octobre 2016

Je suis désespéré, mon père est abandonné à son triste sort.
Il râle, il a mal, il agonise seul et abandonné !
Le Dr A Guichets Fermés* est parti en congé la veille, en laissant mon père agoniser sans traitement antaigique. avec comme seule médication un anti-dépresseur Norset, pour utiliser ses effets secondaires qui sont augmentation de l'appétit et prise de poids me dit l'infirmière !
Ouvrir l’appétit à un mourant ? est-ce de l'ironie ou de l'incompétence ?  
Je croyais savoir qu'il existait l'accompagnement du mourant et les soins palliatifs pour que les personnes ne souffrent pas à l'hôpital ! 
A ce moment, je ne sais plus rien, mais je veux me battre pour mon père, pour qu'il ne souffre plus !
Je demande à l'infirmière du service d'arrêter les traitements et en particulier l'anti-dépresseur et je veux voir le médecin remplaçant, mais il ne sera en service que le lundi 3 octobre.

Le lundi 3 octobre, je vais à l’hôpital pour voir le Dr Sons et Lumières* , je me présente et demande l'arrêt de tous les traitements en accord avec ma mère et ma sœur.
Le médecin me reçoit comme un chien dans un jeu de quille et il me dit que ce n'est pas son patient et que je dois m'adresser au médecin des Soins palliatifs. Il me plante là dans le couloir de l'hôpital et s'enfuit sans autre forme de procès. 
Je me heurte à la toute puissance médicale, à l'incompétence, à la lâcheté, à la déshumanisation totale des hôpitaux qui ne sont concernés aujourd'hui que par la rentabilité de l'hôpital-entreprise.
Quelle tristesse de voir cet hôpital que j'ai tant aimé, tant défendu et qui me fait horreur aujourd'hui !
Mon père lui agonise depuis 4 jours !
L'infirmière du service choquée par le comportement inhumain du médecin, alerte immédiatement le service des Soins palliatifs. Elle m'obtient un rendez-vous avec le médecin des Soins palliatifs le mercredi 5 octobre à 9h15.

Je rencontre le médecin responsable des Soins palliatifs, elle m'écoute pendant 1 heure raconter l'agonie de mon père depuis 4 mois, mon désarroi devant la situation.
Dans les 5 minutes qui suivent elle est au chevet de mon père et prescrit immédiatement 2 seringues automatiques, l'une de morphine, l'autre de sédatif et myo-relaxant, nous somme le mercredi 5 octobre, mon père agonise depuis 6 jours sans traitement, sans médecin avec seulement la bonne volonté des infirmières.
Le seul médecin qui a pris ses responsabilités avec professionnalisme, c'est le médecin des Soins palliatifs, il a fait preuve d'écoute, de compassion, d’humanité.


Le 9 octobre à 4h du matin, son calvaire se termine enfin.


Jean-Louis AGUILAR / son fils

les noms en italiques ont été travestis, mais les personnes citées se reconnaîtront !

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Mon père a toujours dit " Laissez-moi tranquille !", il voulait mourir dans la dignité et on l'a empêché de le faire ! En août, il avait demandé à l'infirmière de le faire mourir, mais personne ne l'a écouté et on a répondu à sa demande par un anti-dépresseur !
En France, on ne peut toujours pas décider de sa mort.
Je viens de comprendre en assistant à la lente agonie de mon père pendant 4 mois que la légalisation de l'euthanasie est nécessaire et urgente en France.
C'est de la maltraitance et de l'acharnement thérapeutique qui sont infligés en toute légalité aux personnes âgées en fin de vie.
Je pense à mon père et aux milliers de personnes abandonnés à ces pratiques dans des lieux qui sont en réalité des mouroirs.
Par humanité, par compassion, nous avons le devoir d'éviter cette souffrance aux malades qui en font la demande. Cette souffrance, c'est aussi la souffrance des familles.

Je vais aider l'Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD), peser sur les politiques pour changer la loi, la loi Leonetti n'a rien changé :
- absence d'unités de soins palliatifs
- poursuite de l'acharnement thérapeutique
- surdité de certains médecins à l'égard des patients demandant un apaisement de leur douleur
- multiplication des drames de fin de vie.

Blog de l'ADMD :
http://www.admdblog.fr/Fin-de-vie-Droit-de-mourir-La-legislation-actuelle-favorise-les-derives-Corse-Matin_a3759.html

Les soignants sont dépassés par le vieillissement de la population, il convient de les aider.
Aidons aussi les infirmières qui sont seules et désespérées par ce que l'on leur impose et évitons qu'elles se suicident car on ne les écoute plus !
https://www.facebook.com/gerard.sanchez.16940?fref=ts#

mardi 30 août 2016

Que Marianne était jolie - Michel Delpech


Elle est née dans le Paris 1790 
Comme une rose épanouie 
Au jardin des fleurs de lys. 
Marianne a cinq enfants 
Qu'elle élève de son mieux 
Marianne a maintenant 
Quelques rides au coin des yeux. 

Dieu ! Mais que Marianne était jolie 
Quand elle marchait dans les rues de Paris 
En chantant à pleine voix : 
"Ça ira ça ira... toute la vie." 
Dieu ! Mais que Marianne était jolie 
Quand elle embrasait le cœur de Paris 
En criant dessus les toits : 
"Ça ira ! Ça ira ! Toute la vie." 

Il n'y a pas si longtemps 
Que l'on se battait pour elle 
On a connu des printemps 

Qui brillaient sous son soleil. 
Marianne a cinq enfants, 
Quatre fils qu'elle a perdus 
Le cinquième à présent 
Qu'elle ne reconnaît plus. 

Dieu ! Mais que Marianne était jolie 
Quand elle marchait dans les rues de Paris 
En chantant à pleine voix : 
"Ça ira ça ira... toute la vie." 
Dieu ! Mais que Marianne était jolie 
Quand elle embrasait le cœur de Paris 
En criant dessus les toits : 
"Ça ira ! Ça ira ! Toute la vie."



Marianne

"Une femme, elle représente la France.
Marianne incarne la République française.
Une femme qui guide le peuple vers la liberté, l'égalité et la fraternité.
L’utilisation de ce prénom comme symbole serait né d’un consensus entre les partisans et les adversaires de la république en 1792, puis rapidement accepté par tout le peuple français. Mais aujourd'hui, Où es tu Marianne ? Que sont devenues toutes ces valeurs ? Les français n'ont plus  dans le cœur la force de lutter, et de toi n'ont que l'image d'un buste dans leurs mairies. Les représentants de la République actuels ne sont que sacrilèges. Le peuple rêve encore de te voir si belle. Mais il n'a plus envie de se battre."

Eugène Delacroix- La liberté guidant le peuple 

Sources :
http://www.paroles.net/michel-delpech/paroles-que-marianne-etait-jolie
http://regardsurfemmes.e-monsite.com/

samedi 27 août 2016

10e RENCONTRES DE L'ARAT

Mariage de l'art et de la thérapie. Aux risques des pratiques ?
Jeudi 12 et Vendredi 13 janvier 2017
Colloque3 organisé par l'association ARAT en partenariat avec le Centre Hospitalier de Béziers


Argument :
« Coup de foudre, union libre, concubinage, pacs, et même mariage, autant de possibilités d’acoquiner l’art et la thérapie.
Mais parfois, nous ne pouvons éviter le divorce !
Liaisons dangereuses, amours passionnels pour ce couple sulfureux, tout en sachant que dans le couple rien n’est acquis.
Et pourtant, depuis fort longtemps nous faisons fausse route, puisque c’est la relation transférentielle qui met en jeu le soin psychique.
Alors, pourquoi y a-t-il les tenants de l’art thérapeutique et les tenants de la psychanalyse artistique ?
L’art-thérapeute, pour moi, est un équilibriste qui marche sur le trait d’union qui sépare et qui unit art et thérapie !
Pour un juste équilibre entre art et thérapie !
Mais parvenir à cet équilibre, ce n’est pas une mince affaire puisque, d’un côté, nous avons le développement personnel et le coaching, et de l’autre, la spiritualité et le bien-être.
L’art-thérapeute saura-t-il trouver son équilibre pour devenir soignant et thérapeute ? »

Programme Jeudi 12 janvier 2017
8h30 Accueil et inscriptions des participants

9h30 Discours d'ouverture
Mme Marie-Agnès ULRICH, Directrice, CH Béziers
Dr N. GEISSMANN, Chef pôle Psychiatrie, CH Béziers
Jean-Louis AGUILAR, Président de l’ARAT

Modérateur : Jean-Louis AGUILAR, Art-thérapeute

9h45 "Au centre du Carrefour !"
par Dr BAREIL-GUERIN Michèle, Psychiatre référent et équipe de "Carrefour des Expressions", unité intersectorielle de thérapies médiatisées, ASM 11 à Limoux

11h - 11h20 Pause café
Une table-présentoir sera à la disposition des intervenants pour exposer leurs ouvrages.

11h20 "Créer, c'est résister... Comme dirait Gilles Deleuze"
par JB COUZINET, Docteur d'université et plasticien

12h - 14h Pause repas

14h "L'Art est thérapie"
par Valérie GALENO-DELOGU, Danse Thérapeute, membreactif accrédité par la Fédération Française des Art-Thérapeutes, membre du CID UNESCO et SIPE, Thérapeute Humaniste Jungienne, Professeure de Danse Diplômée d'état et Chorégraphe

14h40 "Maladjusted : une pièce de théâtre interactive sur la mécanisation et le besoin d’humanisation des soins en santé mentale"
par Pierre LEICHNER, Artiste interdisciplinaire et ex-psychiatre,Vancouver / Colombie-Britannique au Canada

16h30 Entracte
L'atelier de l'Arbre Rose

16h40 "La folie créatrice"
par Joseph ROUZEL, Psychanalyste, superviseur, écrivain

17h30 Clôture des travaux de la première journée

--- AFTER ARAT TOUCH ! ---
19h30 Apéritif ARAT
Regroupement au Restaurant-Bar-Lounge "L'Autrement"
Place de la Citadelle à Béziers, face à la statue de Pierre-Paul Riquet (allées Paul Riquet)

20h Dîner ARAT
Restaurant "L'Autrement"
Le repas est à la charge du participant, le prix de 28 € (apéritif+repas+vins) est versé à l'inscription au colloque.

Programme Vendredi 13 janvier 2017
8h30 Accueil et inscriptions des participants
Modérateur : J-L. AGUILAR, Art-thérapeute

9h00 "Au fil des discours : l'art-thérapie en pourpre"
par Pr Jean-Luc SUDRES, Professeur de Psychologie et de Psychopathologie Clinique à l'Université Toulouse Jean Jaurès. Directeur Pédagogique du D.U. Art-Thérapies de Toulouse II. Psychologue Clinicien et Art-thérapeute en structures de soins publiques et privées

9h40 "Là-haut sur la montagne" (3 films)
par Bernard SEILLÉ, ISP, ex-responsable de l’atelier audiovisuel de l’Hôpital Marchand à Toulouse, cinéaste, membre de la Fédération Française de Cinéma

10h45 - 11h15 Pause café
Une table-présentoir sera à la disposition des intervenants pour exposer leurs ouvrages.

10h50 "L'arthérapie en Afrique" / Sénégal
Quand l’absence de l’inconscient n’altère pas le degré culturel de la créativité dans l’oeuvre.
par Jimi B. VIALARET, Docteur d’Université, Artiste du spectacle

12h - 14h Pause repas

14h "Christian Sabas et l'atelier du Non-Faire" (sous réserve) / France-Antilles

15h "Malgré tout je danse"
par Simona BONI, Danseuse - Chanteuse - Enseignante / Italie

15h40 Entracte
Groupe Libertés de JB Couzinet

16h "Le clown, celui qui réussit là où ça rate"
par Bénédicte CARRIÈRE, Art-thérapeute et clown professionnelle 
(Compagnie Terrain2je)

16h45 Discours de clôture du colloque
par Jean-Louis AGUILAR, Président de l’ARAT

17h Fin des travaux du Colloque3

LieuCentre Hospitalier de Béziers
Espace Perréal / Espace Agora
Amphithéâtre Georges Brassens
Bd Dr Mourrut 34500 Béziers

Bulletin d’inscription :
Nom : .
Prénom : .
Profession : .
Adresse : .
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Tél. : .
E-mail : 

Participation aux frais d’organisation : 70 €*
Tarif réduit à 50 €* pour les étudiants et chômeurs sur présentation d’un justificatif.
*l’adhésion de 20 € à l’ARAT et l’abonnement au réseau ARAT sont offerts pour l’année 2017 !

Soirée ARAT : apéritif et repas restaurant 28 €
Inscription Colloque3 + soirée : 98 € (ou 78€ en tarif réduit)

CHÈQUE : libellé à Association ARAT, à envoyer avant le 31/12/2016 à :
Jean-Louis AGUILAR
Association ARAT
9 rue Julien Imbert

34500 Béziers

jeudi 21 juillet 2016

Mariage de l'Art et de la Thérapie. Aux risques des pratiques ?

10e Rencontres de l'Association de Recherche en Art et Thérapie (ARAT)
12 et 13 janvier 2017 à Béziers


Mariage de l'Art et de la Thérapie. Aux risques des Pratiques ?

Argument :
« Coup de foudre, union libre, concubinage, pacs, et même mariage, autant de possibilité d’acoquiner l’art et la thérapie.
Mais parfois, nous ne pouvons éviter le divorce !
Liaisons dangereuses, amours passionnels pour ce couple sulfureux, tout en sachant que dans le couple rien n’est acquis.

Et pourtant, depuis fort longtemps nous faisons fausse route, puisque c’est la relation transférentielle qui met en jeu le soin psychique.

Alors, pourquoi y a-t-il les tenants de l’art thérapeutique et les tenants de la psychanalyse artistique ?

L’art-thérapeute, pour moi, est un équilibriste qui marche sur le trait d’union qui sépare et qui unit art et thérapie !

Pour un juste équilibre entre art et thérapie !

Mais parvenir à cet équilibre n’est pas une mince affaire, puisque d’un côté nous avons le développement personnel et le coaching, et de l’autre la spiritualité et l’ésotérisme.

L’art-thérapeute saura-t-il trouver son équilibre pour devenir soignant et thérapeute ? »

Jean-Louis Aguilar / art-thérapeute
Président de l’ARAT


mardi 19 juillet 2016

Violence psychologique dans le couple

Une récente étude menée par l’INSEE (Institut national des statistiques et des études économiques), parue en ce mois de juillet, tente de mesurer l’étendue des violences psychologiques et/ou verbales dans le couple.


Pour y parvenir, des informations provenant de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) ont été utilisées. Le résultat dévoilé est surprenant et inquiétant puisque 12,7 % de femmes et 10,5 % d’hommes, âgés de 18 à 75 ans, parmi les personnes interrogées « se disent victimes d’atteintes psychologiques ou d’agressions verbales de la part de leur conjoint ou ex-conjoint ».

Cette forme de violence au sein du couple concerne tout préjudice, souffrance physique, psychologique et sexuelle infligés à son partenaire (selon l’Organisation mondiale de la santé). Il peut être difficile de définir exactement ce qui correspond à la violence psychologique puisqu'elle prend diverses formes, le but reste la dévalorisation de l’autre à travers des menaces, du chantage, des insultes, de la jalousie, des tentatives d’isolement…

En fonction des sortes de violences ou de leur récurrence, les chiffres varient, cependant, les femmes sont plus exposées et cumulent plus que leurs homologues masculins diverses formes de violence, deux ou trois la plupart du temps.

Autre fait surprenant, l’étude montre que les personnes ne vivant plus avec leur conjoint lors de l’enquête sont plus sujettes, jusqu’à trois fois plus qu’une personne en couple, à la violence psychologique et aux agressions verbales ! La séparation délierait les langues…


L’INSEE précise que cette forme de violence est présente dans tous les milieux sociaux et culturels. Si la violence psychologique peut être le seul préjudice subi, elle peut aussi constituer les prémices d’une violence physique et/ou sexuelle.

D'où l’importance de ne pas se laisser entraîner dans un cercle vicieux qui peut s’amplifier de façon négative. Se tourner vers un professionnel peut être alors salutaire, pour soi ou pour son couple.


Mon-Psychotherapeute.Com
http://www.mon-psychotherapeute.com/violence-psychologique-dans-le-couple/